Alain Galais est à la tête d'un atelier naisseur-engraisseur de 180 truies et d'un élevage laitier avec 30 ha de SAU à Trédaniel, dans les Côtes-d'Armor. Son fils, Nicolas, travaille avec lui en tant que salarié en attendant de s'installer. Comme beaucoup d'exploitations de cette région, le peu de surface ne permet pas de produire les matières premières nécessaires pour nourrir les porcs. « Nous achetons tous nos aliments, confirme Alain. Nos résultats économiques sont très dépendants de notre coût alimentaire. »

150 000 € SUR L'ANNÉE

Il est facile d'imaginer l'impact des variations du prix de l'aliment pour cette exploitation, qui en consomme 1 500 t par an. « Entre avril 2010 et avril 2011, le prix est passé de 170 à 270 €/t. Cela représente un surcoût de 150 000 € sur une année. » Dans le même temps, les cours du porc ont augmenté, mais pas assez pour rétablir l'équilibre. « De telles fluctuations sont catastrophiques pour un élevage comme le nôtre, poursuit Alain. On ne pouvait plus rester à subir sans rien faire. »

Nicolas a donc décidé de contractualiser son prix d'aliment à l'avance avec Le Gouessant. Sur l'extranet de la coopérative, les adhérents, clients au moins pour l'aliment porcelet, disposent quotidiennement d'une cotation des aliments charcutiers pour les mois à venir. Les prix évoluent chaque jour en fonction des marchés des matières premières.

Encore faut-il savoir quand acheter. C'est pourquoi Nicolas a participé à trois jours de formation pour comprendre le fonctionnement des marchés à terme. Il adhère également au club « 4 soleils » de Penthièvre, qui réunit huit éleveurs une fois par mois pour les tenir au courant des tendances. « Fin février, les prix commençaient à grimper, nous avons signé « un 3 d'août », c'est-à-dire l'achat d'aliment pour trois mois à partir d'août. Nous avons joué la prudence en partant sur cette durée, mais nous nous sommes entièrement couverts pour l'aliment finition et croissance, soit 80 t/mois. » Sur la formule croissance, les Galais ont gagné 8 €/t par rapport au prix spot du 1er août 2011. Ils ont été moins chanceux pour le deuxième contrat, un « 3 de novembre » souscrit fin juin. Dès le surlendemain, le prix a baissé de 7 €/t. Heureusement, nous ne nous sommes couverts qu'à 50 %. » Il faudra attendre novembre pour savoir ce qu'il en est réellement.

PARTIR DU PRIX D'ÉQUILIBRE

« L'important est de calculer son prix d'équilibre pour déterminer le niveau du prix d'aliment auquel on peut contractualiser », souligne Dominique Haquin, technicien de la coopérative. Son logiciel le calcule dès que l'éleveur a renseigné toutes ses charges et ses résultats techniques. « Il ne faut pas essayer de faire des bons coups. Ça peut marcher une fois sur dix mais c'est risqué. » « En bloquant mon coût alimentaire, je me donne de la lisibilité et de la sécurité sur les mois à venir, confirme Nicolas. Plus il y aura de volumes sous contrat, moins il y aura de spéculation. »

Les deux éleveurs en sont persuadés. Mais ils veulent aller encore plus loin dans la démarche. Depuis quelques semaines, l'élevage a intégré Sypro-porcs, le groupement de producteurs adossé à Le Gouessant. Ils ont accès à un marché à livraison différée. Ils peuvent contractualiser la vente d'un nombre de porcs pour une période donnée et à un prix de base connu. « Il est plus facile d'avancer lorsqu'on connaît son prix d'achat de l'aliment et celui de vente des porcs », conclut Nicolas.