Avec les baisses des quotas volumétriques et/ou les contraintes d'irrigation, l'agriculteur a besoin d'y voir clair sur son potentiel de résultat. C'est justement ce que propose le logiciel Lora (1).
Assolement le plus robuste
Le modèle Lora donne l'assolement optimal pour avoir la meilleure marge brute, d'après des contraintes de variétés, de sols et des scénarios climatiques. Certes, chaque petite région d'irrigation s'étudie comme un cas particulier : les besoins en eau dépendent des exigences spécifiques des cultures irriguées et des conditions pédoclimatiques (réserve des sols, évapotranspiration potentielle). Ainsi, l'impact des restrictions et les adaptations possibles dans le cadre du maïs irrigué en Midi-Pyrénées, ne seront pas les mêmes que dans les Landes.
Impact variable
Quand les mesures réglementaires sont énoncées avant la campagne d'irrigation, l'agriculteur, de concert avec son réseau d'irrigants, a intérêt à anticiper : fractionnement des tours d'eau, semis de cultures d'hiver ou d'été, semis de variétés précoces pour éviter les restrictions ou arrêts d'irrigation de fin de cycle, juillet à début août.
Perte de 20 €/ha de marge brute
L'étude ci-contre réalisée avec le modèle Lora (1) concerne une exploitation de monoculture de maïs irrigué du piémont pyrénéen (155 m d'altitude, 920 mm de pluie par an, sols profonds limono-argileux). Les besoins en eau d'irrigation pour le maïs sont modérés : 1 800 m3 sont estimés suffisants en année médiane. Diminuer les volumes d'eau de 1 800 à 1 500 m3 générera une perte de marge de 20 €/ha si l'exploitant ne change pas ses pratiques, avec un semis au 20 avril. En revanche, si les besoins en eau d'une culture sont plus élevés, l'impact de la restriction d'eau sur les résultats sera plus fort.
Variétés demi-précoces
En cas de restriction des volumes d'eau, la première modification consiste à remplacer les variétés tardives ou demi-tardives généralement cultivées par des variétés demi-précoces. Celles-ci ont un cycle végétatif plus court et les grains récoltés plus tôt ont moins d'humidité. Les frais de séchage en seront réduits d'autant. Dans l'exemple ci-contre, malgré la baisse de 15 quintaux de rendement du maïs précoce, l'humidité est autour de 20 % au lieu de 25-30 %. La marge retrouve son niveau sans contrainte d'irrigation.
Diversifier l'assolement
Adapter son assolement est une réponse aux restrictions d'eau, mais elle ne comble pas la perte par rapport à une irrigation sans contrainte. En Midi-Pyrénées, lorsque les restrictions sont importantes, le logiciel Lora a calculé que la meilleure marge brute est obtenue avec une diminution de la sole de maïs dans les assolements au profit du soja irrigué ou de céréales irriguées au printemps.
Dans le cas étudié, avec 1 500 m3 d'irrigation, une diversification de 25 %, avec du soja et du blé dur, apporterait une marge supplémentaire de 150 €/ha, à 1 385 €/ha. Avec une culture de blé tendre et de tournesol, la marge brute aurait été de 1 370 €/ha. Même si la marge est plus faible de 15 €/ha, c'est ce dernier assolement, mieux maîtrisé techniquement, qui est envisagé de préférence. En effet, diversifier ses productions n'est pas aisé. Cela demande un savoir-faire, l'installation d'une nouvelle rotation et l'intégration dans les filières locales.
(1) Lora : logiciel optimisant la recherche d'assolement, créé en 1992 par l'ITCF, l'Inra et Sud décision. Modèle utilisé dans l'étude Casdar eau Midi-Pyrénées, réalisée en 2010 avec le logiciel Lora par Arvalis, le Cetiom, l'Inra, les chambres d'agriculture de Midi-Pyrénées, de la Haute-Garonne, du Gers, des Hautes-Pyrénées, la CACG et le Cemagref, avec le soutien du ministère de l'Agriculture, de l'agence de l'eau Adour-Garonne et du conseil régional de Midi-Pyrénées.