Une utilisation économe de l'eau nécessite des systèmes de culture appropriés. Le choix d'espèces adaptées à la réserve utile du sol peut se révéler payant en situation d'irrigation limitée : le colza, le blé, l'orge d'hiver dans les petites terres à cailloux, le tournesol et le sorgho dans les sols moyennement profonds. Le pois d'hiver est moins exigeant en eau que celui de printemps. L'arbitrage entre cultures d'été et d'hiver permet d'exploiter tout le potentiel climatique sur l'année. Mais les enjeux économiques entrent ici en jeu, vu les prix actuels élevés du maïs.
Stocker et conserver l'eau dans le sol peut aussi être bénéfique en cas de sécheresse accrue. Un travail du sol superficiel avec mulch de résidus de culture peut réduire l'évaporation et faciliter l'infiltration. Une autre stratégie efficace est celle du rationnement pour limiter les besoins en eau des cultures, en diminuant la densité de peuplement et la fertilisation azotée. Cela réduit la surface foliaire et limite ainsi la transpiration.
SEMIS PRÉCOCES : UNE STRATÉGIE PAYANTE
Il est aussi possible de jouer sur l'itinéraire cultural lui-même, notamment en maïs. Au-delà du choix de variétés tolérantes au stress hydrique, le cycle de développement peut être allongé en anticipant la période de semis. Une stratégie payante, selon Arvalis : les stades de forte consommation en eau du maïs sont avancés, ce qui permet d'éviter les périodes estivales de sécheresse ou de forte évapotranspiration.
« C'est un atout de voir fleurir les maïs plus tôt, en période favorable, avant l'épuisement de la réserve utile des sols », souligne l'institut technique. Attention toutefois de semer dans un sol bien ressuyé, de choisir des variétés avec une bonne vigueur au départ. Il faut rechercher des plantes à port étalé favorisant la couverture de l'interrang pour limiter le développement des mauvaises herbes. Mieux vaut aussi garder une densité élevée, par exemple supérieure à 85 000 plantes en variétés demi-tardives : cela compense les pertes à la levée consécutives à un semis anticipé. Arvalis conseille de « capter le premier créneau favorable, au point de vue climatique et agronomique, à partir du 20 mars ». Ce scénario, gagnant en climat océanique, est plus délicat en zone continentale, comme en Rhône-Alpes, à cause des risques de dégâts de gel. Tout dépend également des types de sol.
MIEUX UTILISER L'ESPACE
L'architecture du peuplement joue un rôle. L'objectif est de mieux utiliser l'espace. « On va aller vers un rapprochement des rangs, afin d'avoir un gabarit plus petit et plus compact des maïs, donc plus économe en eau par une plus faible évapotranspiration, détaille Jean-Paul Renoux. On peut par exemple travailler avec un écartement de 60 cm, ou alors en rangs jumelés, c'est-à-dire deux rangs proches (20 cm) et un rang plus écarté (60 cm). »