Ils faisaient sourire en 2007, ils attiraient l'attention en 2009 et ils pourraient bien faire rire jaune les grands constructeurs en 2011 ! Les constructeurs venus d'Asie et de l'est de l'Europe profitent en effet du Sima pour faire la démonstration de leur savoir-faire et essayer de se faire un nom auprès des agriculteurs occidentaux.
Débarqués timidement en 2007 avec de tout petits stands dans un coin du hall 3, les Chinois jouent maintenant crânement leur carte avec, pour certains, des stands dignes des constructeurs allemands et américains. Ainsi, Yto exposera ses tracteurs à bas coût (low-cost) sur près de 300 m2. Impensable il y a encore deux ans. Il faut dire que ce constructeur chinois est sous les feux de la rampe puisqu'il est en lice pour racheter l'usine McCormick de Saint-Dizier (Haute-Marne). De plus, le seul concurrent dans cette dernière ligne droite pour l'acquisition du site de production de transmissions est son compatriote Foton.
L'EXEMPLE DE KUBOTA
Malgré cette volonté de s'afficher sur les salons occidentaux, Yto et Foton sont encore loin de séduire les agriculteurs français. Leurs tracteurs sont particulièrement rustiques et le prix très attractif ne fait pas oublier les doutes sur la fiabilité et le service après-vente.
Des interrogations que le Japonais Kubota a su lever en s'appuyant sur sa réputation dans le domaine des matériels d'entretien des espaces verts. Encore inconnu en agricole il y a cinq ans, il frôle les 3,5 % de part de marché en tracteurs standard en 2010, dépassant ainsi des marques bien établies comme Landini, Same et McCormick. Avec ses tracteurs équipés uniquement de moteurs quatre cylindres et conçus de A à Z dans ses usines, Kubota commence à peser dans les décisions d'achat sur le créneau des moins de 130 ch. Un moteur plus puissant et surtout une variation continue sont déjà commercialisés au Japon. Deux solutions techniques qui permettraient d'aller conquérir des parts de marché chez les céréaliers.
L'EUROPE CENTRALE S'ATTAQUE AUX OUTILS
Les constructeurs de l'est de l'Europe ont moins de difficulté que les Chinois à attirer les clients. En tracteurs, seul le Tchèque Zétor est encore présent sur le marché français, avec un certain succès. Reconnu pour leur bon rapport qualité/prix et leurs moteurs maison peu gourmands, les Zétor se mettent régulièrement à niveau pour rester compétitifs. Le design a évolué, avec une ligne ronde plus actuelle, et des options indispensables comme l'inverseur hydraulique sont systématiquement proposées.
Si le Polonais Ursus a disparu du paysage, l'industrie polonaise propose une nouvelle marque avec Farmtrac. Détenue par une société indienne, elle joue la carte du très bas prix, avec une technologie des années 80 et un confort à l'avenant. Belarus se bat sur le même terrain, mais dans un créneau de puissance supérieur puisque son coeur de gamme se situe autour de 200 ch.
Enfin, les Russes Kirovets et Terrion s'attaquent directement aux très fortes puissances qui dominent leur marché domestique. Terrion veut casser l'image rustique des tracteurs venus de l'Est et fait appel à des fournisseurs occidentaux comme Deutz, ZF ou encore Bosch. Certains de ces constructeurs sont toujours à la recherche de distributeurs en France et viennent au Sima pour recruter des concessionnaires. La grande offensive des Tchèques et des Polonais se trouve surtout dans le domaine du travail du sol. Le Polonais Unia et le Tchèque Farmet sont maintenant présents sur tous les salons, avec une gamme complète d'outils de déchaumage, de préparation du lit de semences et quelques semoirs. Leurs charrues manquent un peu de technologie pour séduire le public français. Les autres outils semblent parfois très proches de concepts déjà présents sur le marché, en particulier dans le domaine du déchaumage.
STRATÉGIES ET RÉACTIONS
Farmet et Unia ont chacun leur technique pour s'implanter dans l'Hexagone. Le premier travaille avec un importateur basé en Eure-et-Loir, tandis que le second s'est fait référencer par le réseau Promodis. D'autres marques tentent de se faire un nom dans le secteur du travail du sol, déjà bien quadrillé par les marques françaises, allemandes et italiennes.
Les constructeurs occidentaux n'entendent pas laisser une partie du marché leur échapper.
Ils se lancent donc à leur tour sur le créneau des machines low-cost. John Deere et Deutz-Fahr importent des tracteurs d'Inde, Landini et McCormick ont signé un partenariat avec le Coréen Daedong et certains constructeurs d'outils de travail du sol comme Agrisem lancent des gammes basiques moins chères.