Pour limiter le nombre d'animaux improductifs, Marc Poirier, à Durtal, dans le Maine-et-Loire, a décidé d'accélérer la mise à la reproduction de ses génisses.

 

C'est pourquoi il s'est tourné vers le vêlage à deux ans.

« J'ai commencé avec quelques grosses génisses, se souvient-il. Aujourd'hui, un tiers des jeunes femelles sont mises à la reproduction à quinze mois. Mon objectif est d'atteindre 60 à 70 %. »

Pour choisir les génisses qui vêleront à vingt-quatre mois, Marc se base sur leur poids. Adhérent à Bovins croissance en formule VA4, il pèse tous ses animaux jusqu'à la mise à la reproduction.

« Lors de la pesée en novembre, je repère toutes les génisses de plus de 450 kg, poursuit-il. Je les fais inséminer entre décembre et janvier. »

Les vêlages de ses 60 charolaises inscrites au herd-book sont regroupés en une seule période de septembre à octobre.

Une alimentation spécifique

La clé de la réussite du vêlage à deux ans est une alimentation soutenue. « Lorsque je sèvre mes veaux en juin, ils restent en stabulation car je manque d'herbe après le 15 juin, poursuit Marc. Je leur distribue alors en moyenne 3 kg de matière sèche de maïs, un correcteur azoté et du foin. »

De la mise à la reproduction à la mise à l'herbe, les génisses en vêlage deux ans reçoivent 1 kg de céréales supplémentaire par rapport aux autres. À la pesée de à la fin de mars, Marc table sur une croissance d'au moins 800 g par jour.

Au printemps, elles rejoignent le lot des génisses de trois ans. Marc les complémente en cas de manque d'herbe.

Les vêlages ne posent pas plus de soucis qu'avec des génisses de trois ans. « Je privilégie des taureaux à vêlage facile, note-t-il. Je n'ai jamais de césarienne sur ces animaux. »

Les veaux sont en moyenne plus petits à la naissance mais ils rattrapent vite les autres. Les femelles qui naissent en septembre peuvent à leur tour être inséminées à 15 mois.

Une fois le premier vêlage terminé, la primipare doit assurer la poursuite de sa croissance en plus de la lactation.

« Si l'alimentation n'est pas suffisante, le risque est qu'elle ne vêle ensuite qu'à quatre ans, prévient-il. Après la mise bas, je fais un lot avec les primipares qui ont vêlé à deux ans car elles mangent moins vite que les autres mères. Elles reçoivent de nouveau 1 kg de céréales en plus jusqu'en février. »

À la différence des autres primipares, leurs veaux sont sevrés à la mise à l'herbe. Ils restent en stabulation jusqu'à l'année suivante. Les mères rejoignent les lots de génisses à l'herbe.

« Le vêlage à deux ans ne pénalise pas la carrière des vaches, assure Marc. L'intervalle vêlage-vêlage ne s'allonge pas. Je ne constate pas non plus de différence de poids à la vente. »

Le taux de réforme atteint 30 %. Avec davantage d'animaux jeunes, Marc évolue aussi plus vite au niveau génétique car les génisses ont une valeur génétique supérieure aux vaches. 

 

Repères en performances

 Poids moyen de vente des vaches : 480 kg de carcasse.

 Age moyen à la réforme : 6 à 7 ans.

 Intervalle vêlage-vêlage : 360 à 370 jours (génisses incluses). 

 

 

Sélection sur l'aptitude au vêlage

« J'ai commencé par choisir des taureaux en fonction de l'index en valeur maternelle, IVMAT, et de l'aptitude laitière, explique Marc Poirier. J'ai ensuite rajouté à mes critères de sélection l'index aptitude au vêlage, ou Avel. »

Cet index est différent de celui sur les facilités de naissance qui traduit l'aptitude à faire des veaux légers à la naissance.

L'Avel apprécie les bassins des filles et donc leur aptitude à mettre bas. Marc ne choisit que des taureaux avec un Avel supérieur ou égal à 105 pour les vêlages à deux ans.

Il attache aussi beaucoup d'importance à la morphologie. « Je préfère des taureaux plutôt typés élevage que viande car les mères issues de ces accouplements vêlent mieux et, au bout du compte, je sors autant de kilogrammes de viande », déclare-t-il.