Réservée à l'élite financière l'analyse graphique ? « Certainement pas, rétorque Benoist Geoffroy, agriculteur et fondateur de la société de conseil Agrihedger, qui souhaite démystifier cet outil. Les traders travaillent avec les mêmes graphiques et les mêmes indicateurs que nous ! »
L'analyse graphique a pour ambition de prédire l'évolution des cours. Elle repose sur le principe de répétition de l'histoire.
Confrontés à des situations similaires, les individus ont tendance à reproduire les mêmes actions. La force de cette approche est de prendre ainsi en compte les comportements irrationnels des individus.
Depuis 2007, l'étude des graphiques est devenue particulièrement efficace sur le marché des grains, avec l'arrivée des financiers, qui ne sont pas en prise directe avec les marchés réels et donc peu sensibles aux données rationnelles sur l'offre et la demande.
Cela permet de mieux anticiper la volatilité et les retournements brutaux de tendance dus aux financiers.
Les comportements irrationnels, voire « moutonniers », se repèrent dans les graphiques par différentes figures.
Ces types de graphiques sont disponibles sur divers sites internet de conseil.
Lorsque le début d'un motif est détecté, il est possible d'anticiper l'évolution future des cours. La tendance (voir le graphique ci-dessus) est la première figure qui peut être repérée.
Dans le cas d'une hausse des cours, la tendance, tracée par les « points bas », prédit qu'il est probable que les cours rebondissent sur cette droite.
Lorsque les cours brisent la droite de hausse, c'est le signe que le marché se retourne.
Néanmoins, ces figures n'ont un pouvoir de prédiction que si elles sont validées.
L'analyste choisit une batterie d'indicateurs (voir le graphique ci-contre) qui renseignent plus précisément sur le comportement des intervenants.
Définir une stratégie
Le grand avantage de l'analyse technique est qu'elle facilite la prise de décision.
« L'agriculteur est amené à anticiper une stratégie en fonction de différents scénarios de prix très précis pour lesquels il se donne des règles. Cela permet d'être très réactif et de se placer sur le marché à terme au moment opportun.
Pour vendre la récolte de blé de 2009 au prix d'objectif de 140 €/t (prix indicatif pour lequel l'agriculteur dégage un revenu), il n'y a eu que quelques jours où cela a été possible », insiste Benoist Geoffroy.