« Avec un apport régulier de 10 t/ha de compost ou de 15 t/ha de fumier ou de 20 m3/ha de lisier, les prairies sont aussi bien nourries en phosphore et en potassium qu'avec un apport d'engrais minéral », assure Stéphane Violleau, conseiller en fourrage à la chambre d'agriculture du Puy-de-Dôme.
C'est l'un des principaux enseignements d'une expérimentation conduite par le groupe compost du Massif central. Cette association regroupe onze chambres d'agriculture (1) et l'Enita de Clermont-Ferrand. Elle a mesuré l'efficacité des apports de fumier, lisier et compost de bovins sur prairie sur plusieurs sites entre 2004 et 2007. L'objectif était de comparer quatre traitements :
- un témoin sans aucun apport organique ou minéral d'engrais ;
- l'épandage avant la première coupe d'un engrais minéral à raison de 80 unités d'azote, 50 unités de phosphore et 115 unités de potassium par hectare ;
- l'apport à dose « raisonnée » de 10 t/ha de compost, 15 t/ha de fumier ou 20 m3/ha de lisier ;
- un traitement à dose double avec 20 t/ha de compost, 30 t/ha de fumier et 40 m3/ha de lisier.
« Le rendement le plus faible correspond aux parcelles témoins non fertilisées, note Stéphane Violleau. Sur quatre ans, ce rendement mesuré en première coupe est d'un peu plus de 4,5 t de MS/ha. Le rendement le plus élevé revient aux parcelles recevant l'engrais minéral, entre + 1,2 et + 2 t de MS/ha par rapport au témoin. Les surfaces recevant les engrais organiques se situent à un niveau intermédiaire : + 0,2 t à + 1,5 t de MS/ha.
Déficience en azote
« L'analyse des indices de nutrition montre que, dans tous les cas, les prairies sont correctement nourries en phosphore et potassium », constate Stéphane Violleau. Concernant l'azote, l'apport avec le traitement à dose raisonnée est jugé insuffisant. Il peut être complété par une forme minérale en fonction de l'utilisation de la prairie, de son niveau de rendement et de la proportion de légumineuses.
Les doses doubles d'engrais de ferme n'assurent pas non plus une bonne nutrition azotée, sauf dans le cas du lisier. « Mais les nutritions phosphopotassiques sont supérieures à celles de l'engrais minéral et peuvent présenter un risque à terme de gaspillage par rapport aux besoins réels des prairies. Bref, mieux vaut couvrir le maximum de surface par an, tout en privilégiant les prairies de fauche qui reçoivent pas ou peu de déjections. Il suffit ensuite d'ajuster l'apport d'engrais minéral azoté en fonction des objectifs de production de la prairie.
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(1) Allier, Ardèche, Cantal, Corrèze, Creuse, Haute-Loire, Lot, Lozère, Puy-de-Dôme, Rhône et Haute-Vienne.
Composition des fumiers, composts et lisiers
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Les cinquante-deux analyses de fumier, compost et lisier issus de bovins viande (28) et bovins lait (24) font apparaître des valeurs assez comparables aux moyennes nationales. Pour le compost, elles pourraient être un peu plus faibles en raison des conditions météo défavorables au moment du processus de compostage.