« Deux raisons principales sont à l'origine des réflexions sur la création d'un compte pour intervenir sur les marchés à terme. La première, c'est le souhait d'indépendance, dans sa stratégie de couverture, vis-à-vis des organismes stockeurs (OS) mais, dans la plupart des cas, cette démarche vise à compléter les possibilités offertes par les OS. En effet, les organismes sont limités juridiquement dans le service qu'ils peuvent apporter », explique Sébastien Poncelet, conseiller auprès d'Agritel.
Par exemple, les opérations réalisées par les OS pour le compte des agriculteurs sur le marché à terme doivent obligatoirement correspondre à des flux réels de marchandise.
Pour bénéficier de tout le potentiel des marchés à terme, le producteur ne peut pas ouvrir directement un compte sur Euronext, qui est la bourse d'échange accueillant les marchés à terme européens. Il va devoir passer par une banque reconnue.
En France, le Crédit agricole et le Crédit mutuel se partagent le gros du marché.
Calibrer pour ne pas spéculer
Une fois la démarche initiée, le banquier et le client vont tenter de calibrer le compte, c'est-à-dire de déterminer le nombre maximal de lots pouvant être engagés. Ce calibrage doit éviter que le producteur ne mette en péril son exploitation en engageant des quantités supérieures à sa récolte.
Souvent, les capacités du compte sont même limitées à un certain pourcentage du potentiel de production.
« Un agriculteur met en jeu son chiffre d'affaires sur les marchés à terme, c'est une démarche totalement différente de celui qui risque ses économies en bourse. Avec les ventes, il s'agit de rémunérer tous les facteurs de production », met en garde un conseiller.
Ainsi, le calibrage du compte limite les tentations spéculatives. Par exemple, si un agriculteur est persuadé que le marché va baisser, il peut être tenté de vendre plus de lots que ce qu'il pourra produire pour empocher des gains par la suite.
En plus de la précaution de calibrage, les banques exigent que le producteur connaisse les principes d'arbitrage de prix sur les marchés à terme et réclament une attestation de formation d'un organisme agréé. Une fois le compte ouvert, le producteur peut prendre position.
Au Crédit mutuel, les ordres sont passés via internet. Au Crédit agricole, l'agriculteur appelle directement la salle des marchés. L'opérateur lui propose alors les prix à la vente ou à l'achat et le nombre de lots offerts, idem pour les options (2).
« C'est important de noter précisément ce que l'on veut à l'avance, pour ne plus avoir à se poser de questions quand on est au téléphone. Cela va très vite », rapporte un agriculteur.
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(1) Marché à terme international de France.
(2) Les options sont des produits dérivés qui offrent des assurances à la hausse comme à la baisse.
Des coûts et des besoins en trésorerieLe coût total de l'arbitrage sur les marchés à terme est grossièrement estimé à environ 2 euros par tonne. Les frais d'ouverture sont payés au prorata de la capacité du compte. A cela s'ajoutent des frais pour chaque transaction qui doivent rémunérer la banque ainsi qu'Euronext, la bourse d'échange. L'utilisation du compte génère aussi des besoins en trésorerie, qui nécessitent souvent de recourir à un emprunt. En plus des dépôts de garantie, le producteur doit constituer un fonds de précaution destiné à faire face aux appels de marge, car à chaque fin de séance, les pertes ou les gains sont automatiquement débités ou crédités sur le compte du titulaire. |
Délais de mise en route : entre un et trois mois d'attente« Après le premier contact, il faut généralement attendre entre un et trois mois pour que l'ouverture du compte soit effective », signale Sébastien Poncelet. |