Planning. « On paie souvent cher un manque d'attention à son troupeau », signale Bertrand.

 

« Un veau par vache et par an a toujours été notre objectif », assure Bertrand Hermetz, qui conduit 70 charolaises à Flers, dans le Pas-de-Calais, avec son épouse Micheline.

Jusqu'en 2007, les résultats ont été à la hauteur des ambitions des éleveurs puisque l'intervalle vêlage-vêlage (IVV) moyen était de 364 jours.

Mais la fièvre catarrhale ovine (FCO) est venue bouleverser les résultats de l'élevage. Les animaux ont commencé à souffrir des articulations et de nombreux avortements ont eu lieu.

Grâce à l'observation et à une conduite rigoureuse mise en place depuis longtemps, Bertrand et Micheline ont limité l'impact de la maladie. Cette année, tout semble rentré dans l'ordre. Les vêlages viennent de se terminer sans décalage.

Un passage toutes les deux heures

« J'attache une grande importance à la surveillance des animaux, explique Bertrand. Et l'hiver est la période que je préfère pour la mise à la reproduction car les vaches sont à l'étable. Cela facilite le travail. Au champ, le suivi est moins facile. Je veux connaître la date de vêlage avec certitude. Et surtout ne pas nourrir un animal improductif. »

Jusqu'en 2007, deux taureaux assuraient les saillies à partir de la mi-décembre. L'un dans un lot de vingt vaches, l'autre en « naviguant » dans deux lots de quinze vaches logées côte à côte. « Lorsque deux vaches sont en chaleur en même temps dans chacun des lots, c'est la vache qui change de case », déclare-t-il.

Les éleveurs passent au moins toutes les deux heures. « C'est une technique que l'on ne peut pas mettre en place lorsque l'on exploite seul », estime Bertrand, précisant que Micheline s'occupe de cette tâche de manière rigoureuse.

Les époux ne sont pas hostiles à l'utilisation de la caméra. Mais le logement du troupeau dans deux bâtiments différents rendait l'installation de cet équipement difficile.

  

 

Calendrier. Toutes les chaleurs sont notées, qu'elles soient suivies d'une saillie ou d'une insémination.

 

Repérer les indices

Tous les événements sont scrupuleusement notés sur un calendrier pour faciliter le suivi. Dans un premier temps, c'est le numéro de la vache en chaleur. Cela permet d'être vigilant sur les retours 21 jours plus tard.

C'est aussi un moyen de ne rien oublier. En cas de non-retour, le numéro de l'animal est entouré en guise de confirmation de la gestation. Après vêlage, il est barré.

Pour repérer les chaleurs, Bertrand et Micheline guettent les indices. « Le matin, lorsque le taureau "traîne" pour venir manger au cornadis, cela attire notre attention », explique Bertrand. La confirmation a lieu pendant la journée.

« Le matin, les animaux ont faim. Ce n'est pas le meilleur moment pour la détection. » Chevauchements, agitations, oreilles dressées sont autant d'indices auxquels les deux éleveurs sont attentifs.

 

Anticipation. En 2007, la mise à la reproduction avancée d'un lot de vingt vaches a mis en évidence la stérilité du taureau.

 

Sélection sur les facilités de naissance

Une vache qui revient en chaleur au moment de la mise à l'herbe est réformée. « Mais elles ne sont pas nombreuses », constate Bertrand, qui relie aussi la réussite de la mise à la reproduction à son travail de sélection et de réforme.

Toutes les vaches qui rencontrent des problèmes au vêlage sont vite engraissées. Pour Bertrand, un problème au vêlage équivaut à une note de 3 ou 4. En effet, ce dernier a pris l'habitude de consigner toutes les mises bas dans un carnet en leur attribuant une note.

1 correspond à un vêlage facile, 2 est affecté aux interventions légères sans fouille, 3 coïncide avec l'utilisation de la vêleuse et la fouille, et les césariennes sont classées 4.

« Nous enregistrons 70 % de 1 », précise-t-il. Cela limite les infections telles que les métrites, et les vaches sont dans de bonnes dispositions à la saillie.

Les génisses de renouvellement sont choisies sur leur bassin large et leur attache de queue « haute ». Les taureaux sont achetés chez un négociant qui s'approvisionne chez les sélectionneurs du bassin de race.

« La docilité est le critère que je regarde en premier. Je dois pouvoir poser la main sur le dos du jeune animal, indique-t-il.

Ensuite, je m'attarde sur ses index. Son poids de naissance doit être inférieur à 50 kg et je sélectionne ceux qui possèdent les meilleures qualités maternelles. Les taureaux bien conformés ne m'intéressent pas.

J'obtiens tout de même de bons prix de vente pour mes réformes, qui pèsent entre 420 et 430 kg de carcasse, même si elles sont classées en R. »

La rentrée des vaches pour le vêlage se fait aussi à partir des informations du calendrier. « Je sais que le terme intervient 9 mois et 15 jours après la saillie », explique Bertrand.

Dans les dix jours qui suivent, le vêlage a lieu systématiquement. « Ces résultats réguliers n'existeraient pas sans une conduite alimentaire équilibrée », conclut-il.

  

 

Réagir vite face à la FCO

Beaucoup de vaches ont avorté en 2007, à cause de la FCO. En outre, treize veaux ont péri dans les trois semaines qui ont suivi le vêlage. « La situation était catastrophique mais j'ai tout de suite essayé d'assurer la mise à la reproduction de la saison qui se présentait », se souvient Bertrand.

L'urgence était de vérifier la fertilité du seul taureau disponible sur l'exploitation. La méthode la moins coûteuse consiste à avancer la date de la mise à la reproduction.

« Dès le 1er décembre, le taureau a rejoint un lot de vingt vaches "éclaireuses", explique Bertrand. Dix-neuf sont revenues en chaleur au bout de 21 jours. » Il ne fallait donc pas compter sur le taureau pour la saison 2007-2008.

Pour ne pas perdre de temps, Bertrand utilise l'insémination pour tous les retours observés. Elle a lieu le lendemain du constat des chaleurs. 90 % des vaches se sont retrouvées gestantes après la première insémination. La surveillance assidue pratiquée depuis longtemps lui assure de tels résultats.

« De toute façon, je n'avais pas d'autre solution puisque la circulation des animaux était interdite au moment où je projetais d'acheter un nouveau taureau. Je vais utiliser plus l'insémination, car je suis satisfait des croissances des veaux obtenus. Je ne supprimerai toutefois pas le taureau pour assurer les retours. »

 

  

  

 

Examen de la vulve des génisses 

Les chaleurs des génisses sont plus discrètes. Bertrand a mis en place une technique de détection néanmoins fiable. Cela alors qu'elles sont logées à 6 km du siège de l'exploitation, loin des taureaux. « J'observe leur vulve avec attention deux fois par jour à l'aide d'une lampe électrique, explique-t-il. Lorsqu'elle est plus rouge et que des glaires sont présents, c'est que l'animal est en chaleur. » L'inséminateur passe le lendemain de l'observation. Cette année, sur quinze femelles inséminées, deux seulement sont revenues en chaleur. Attention, si du sang est observé, il est trop tard. Les chaleurs sont passées.