Avec l'explosion des populations de sangliers et parfois de cervidés, les fédérations des chasseurs sont confrontées à une montée régulière des dégâts agricoles et des indemnisations, y compris dans les secteurs céréaliers peu boisés.
«Face à ce qu'il faut bien appeler un fléau pour certains agriculteurs, les clôtures apparaissent comme la parade la plus efficace pour limiter les attaques», déclare Henri-Hubert Sevageen, technicien à la fédération des chasseurs de l'Indre.
Encore faut-il savoir anticiper et avoir un parcellaire et une configuration du terrain qui s'y prêtent. «Face aux sangliers, nous avons constaté que, pour obtenir une efficacité maximale, la clôture doit être installée avant le semis de la culture et comporter au moins trois fils placés à 25, 50 et 75 cm de hauteur», explique le technicien.
Depuis de nombreuses années, certaines fédérations, comme celle de l'Indre, prêtent gratuitement des piquets, des isolateurs et du ruban blanc conducteur (plus visible que le câble) aux exploitants qui le demandent. Le poste électrique (à batterie ou à raccorder au secteur), l'installation et la maintenance restent à leur charge.
Ces opérations sont gourmandes en temps (une heure à une heure trente par jour), ce qui représente un frein à la pose des clôtures.
Conventions tripartites
«C'est la raison pour laquelle nous travaillons à la signature de conventions tripartites: fédération, agriculteurs, chasseurs», poursuit Henri-Hubert Sevageen. Une des premières a été signée au printemps 2009 entre Patrick Brouard, installé à Murs (Indre), et deux équipes de chasseurs.
La parcelle de 32 ha concernée est entourée de bois et attaquée aussi bien par les cerfs que les sangliers, avec au final de deux à trois hectares détruits chaque année.
«Avec les deux responsables des chasses, nous avons mis cinq jours à installer la clôture à cinq fils, se souvient Patrick Brouard. Ensuite, je suis passé deux fois par semaine vérifier l'état de marche et j'ai réalisé trois traitements herbicides durant la saison. Une fois la parcelle récoltée, nous avons remonté la clôture afin que les animaux circulent librement pendant la chasse. Le résultat est spectaculaire. Je n'ai pas eu à faire de demande d'indemnisation.»
Parallèlement, après déclaration à la Fédération des chasseurs et à l'ONCFS (1), les chasseurs ont agrainé à la volée les sangliers dans les bois voisins.
«Nous avons testé d'autres systèmes d'effarouchement moins contraignants, mais l'effet répulsif dépasse rarement les trois jours, observe Henri-Hubert Sevageen. La pose de cheveux sur le périmètre de la parcelle et les épouvantails sont encore moins efficaces que les dispositifs sonores de type "canons" quand on change la minuterie et qu'on les déplace chaque jour.»
Si rien n'y fait, il reste des mesures plus radicales comme les battues administratives, menées par les lieutenants de louveterie après décision préfectorale, quelle que soit la saison.
Moins radical, le tir d'été à partir du 1er juin, soumis à autorisation de la DDAF, est intéressant pour décantonner les animaux notamment dans les céréales où la faible hauteur de végétation permet de les repérer.
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(1) Office national de la chasse et de la faune sauvage.
Efficacité des bandes enherbéesLes dégâts de cerfs et biches débutent dès l'automne par le broutage de la végétation et un piétinement important qui se traduit par une destruction de plants lors des hivers humides. Après une accalmie au printemps, les sorties reprennent au remplissage des grains. Alors que les clôtures repoussent les animaux chez les voisins et doivent monter au moins à 1,7 m pour espérer les arrêter, la mise en place de bandes de jachère faune sauvage entre la parcelle et la forêt contribue à limiter la pression sur les cultures. «Malheureusement, l'arrêt des jachères obligatoires a contribué à diviser leur surface par deux», regrette Henri-Hubert Sevageen. |
Indemnités en hausseLe montant des indemnisations s'élevait à 30,5 millions d'euros pour la campagne 2007-2008. «Les sangliers sont responsables à eux seuls de 80 % de la facture et les cerfs de 13 %, constate Benoît Guibert, responsable dégâts à la Fédération nationale des chasseurs. Les postes les plus importants sont le maïs (35 %), les céréales (25 %) et les prairies (25 %).» |