«Dans le cadre de cet événement, les enfants décorent le village à l'exemple de ces peintures», soulignent Jacques Schwartz, le maire, et son épouse.

 

Le comité a visionné cent films pour en retenir dix-neuf.

 

Deux mille huit cents spectateurs pour une vingtaine de films, tel est le bilan de 2008 du festival «Caméra des Champs» de Ville-sur-Yron. Ce sont les habitants de ce village de Meurthe-et-Moselle (292 âmes), situé au beau milieu du Parc naturel régional de Lorraine, qui ont créé le festival.

«Nous avons toujours eu une vie associative dynamique qui s'est notamment concrétisée pendant vingt-quatre ans par la fête du Trimazo pour célébrer le printemps», raconte Jacques Schwartz, maire du village et agriculteur.

«Lors des dernières éditions du Trimazo, nous avons présenté des documentaires en milieu rural dans les granges, poursuit Luc Delmas, professeur d'ethnohistoire, passionné par le sujet. Nous nous sommes rendus compte qu'il y avait des films très intéressants sur le marché. D'où le lancement de ce festival.»

La 11e édition, qui a lieu du 14 au 17 mai, mobilise déjà les volontaires: un comité de pilotage, vingt à trente personnes pour l'organisation avant et pendant le festival. Sans compter les familles qui hébergent les jurys et les réalisateurs en compétition.

Cette manifestation, qui a pris de l'ampleur au fil des ans, nécessite un budget de 30.000 euros financés par les collectivités et des sponsors.

Le village est également soutenu par le parc régional, la direction régionale des affaires culturelles et la faculté de Metz.

Pour l'édition de 2009, un comité de sept ou huit personnes, dont un agriculteur du village, a visionné cet hiver la centaine de films reçus pour n'en retenir que dix-neuf. «Chaque année, les films sont très proches de l'actualité agricole: nous avons eu l'ESB, les OGM, les agrocarburants, souligne Luc Delmas. Cette année, les thèmes abordés tournent autour de l'évolution de l'agriculture et de la question suivante: Est-ce qu'elle va pouvoir nourrir la planète?»

Pendant le festival, la projection des films, gratuite, a lieu dans la salle des fêtes qui peut accueillir cent cinquante personnes. Y viennent des locaux mais aussi des habitants de Metz, de Nancy et, parmi eux, beaucoup de fidèles, très intéressés par les débats entre les experts et la salle sur les thématiques des films.

«Ici, on peut s'exprimer sans tabou, dans une ambiance décontractée, précise Jacques Schwartz. Au début, certains agriculteurs pensaient qu'en venant à ce festival, ils allaient subir des critiques. Finalement, ils se sont rendus compte que c'était un lieu où chacun pouvait donner son point de vue.»

A la fin, cinq prix sont remis, dont trois sont décernés par un jury professionnel qui comprend un agriculteur du secteur, le quatrième par un jury de dix lycéens, et le cinquième par les spectateurs. Le festival propose également une restauration à base de produits du terroir.

«Cette marque d'authenticité est un plus», estime Jacques Schwartz.

Mais Ville-sur-Yron souhaite aller encore plus loin. «Nous aimerions faire une "grange aux images" pour conserver tous les documentaires et les rendre utilisables, avoir une salle de montage et de projection, pouvoir héberger des scolaires... L'objectif serait d'être un centre de ressources pour le documentaire rural. Ça permettrait de prolonger l'animation au-delà de la manifestation.»

Mais c'est un projet que le village ne peut pas monter seul, car il nécessite un budget et un nombre de personnes importants.

«Aujourd'hui, avec le bénévolat et nos moyens actuels, nous avons atteint un palier», constate monsieur le maire, qui reste optimiste quant à la réalisation de ce projet.