Apport. Un bilan énergétique positif lors de la mise à la reproduction est indispensable pour limiter les retours en chaleur.

L'alimentation est un facteur clé pour la reprise des cycles sexuels 40 à 90 jours après le vêlage. La venue en chaleur s'allonge chez les vaches trop maigres ou carencées.

Il n'existe évidemment pas de recette miracle. Mais l'ajustement des différents paramètres des rations permet de mettre toutes les chances de son côté.

Energie: en reprise de poids

Première règle : éviter les pertes de poids lors de la mise à la reproduction. « Les vaches peuvent être un peu maigres, ce n'est pas un souci, précise Jean-Pierre Farrié, de l'Institut de l'élevage. L'important c'est qu'elles soient en reprise de poids.

Je pense même qu'un troupeau qui maigrit raisonnablement durant la première partie de l'hiver est une situation plus favorable que de maintenir tout le temps ses animaux en état. Mais la perte de poids doit bien évidemment rester raisonnable. Et les mères doivent être en bon état corporel à la rentrée en stabulation. »

Un mois avant la mise à la reproduction, un flushing avec 1 kg de céréales supplémentaire semble favoriser la reprise des cycles et la fertilité. « Depuis quelques années, des éleveurs rencontrent des difficultés avec leurs génisses, constate Jean-Pierre Farrié.

Ils repèrent l'apparition des premières chaleurs avant dix-huit mois. Mais, à deux ans, lors de la mise à la reproduction, certaines ne reviennent pas en chaleur. Cette situation est souvent associée à des jeunes en très bon état. Il est préférable de garder un régime modéré en début d'hiver et de faire un flushing avant la mise à la reproduction. »

  

Azote: attention au déficit

Pour bien valoriser l'énergie, attention au déficit d'azote. « Ce point est à surveiller pour une ration à base de foin de première coupe récolté tardivement, ou de maïs, souligne Jean-Pierre Farrié. Un manque d'azote perturbe le fonctionnement du rumen et provoque une mauvaise digestion. »

Minéraux: surveiller phosphore, calcium et magnésium

Le calcium manque presque toujours, sauf si la ration contient des légumineuses ou de la pulpe de betteraves. Mais attention, à l'inverse, un excès est à l'origine de pathologies au vêlage. « De manière générale, il faut suivre les recommandations des tables Inra, poursuit Jean-Pierre Farrié.

Nous constatons, depuis vingt ans, un appauvrissement en minéraux des fourrages récoltés, surtout sur les prairies temporaires conduites intensivement. Il faut être vigilant sur les équilibres en calcium et phosphore d'une part, et en magnésium et potassium d'autre part. Il est préférable de privilégier les valeurs basses des fourchettes dans les tables Inra. »

Vitamines: des carences difficiles à détecter

« Lors d'un déficit en minéraux ou en vitamines, la fonction de reproduction est la première altérée, explique Jean-Pierre Farrié. Les carences sont difficiles à détecter car les signes cliniques n'apparaissent que lorsqu'elles sont très fortes. Mais les déficits perturbent la mise à la reproduction. »

Durant l'hiver, les animaux manquent forcément de vitamine D et généralement de A et de E. Ils ne consomment pas de fourrage frais. Et ils restent à l'intérieur.

Or, la synthèse de la vitamine D fait intervenir les ultraviolets. Les éleveurs peuvent apporter des vitamines régulièrement ou effectuer des cures.

Oligo-éléments: équilibrer les rations

Cuivre, zinc, manganèse, cobalt, iode, sélénium... sont autant d'oligo-éléments à surveiller. Il est souvent difficile d'évaluer les quantités réellement absorbées.

Les apports sont liés à la situation naturelle et aux conditions de récolte. Les cas sont très divers et complexes. Les oligo-éléments interagissent entre eux. Si l'un est en excès, il peut bloquer l'assimilation d'un autre. Et il existe des synergies.

« Nous constatons presque toujours un déficit entre les recommandations des tables Inra et les apports assimilables ou non, relève Jean-Pierre Farrié.

Certains compléments phosphocalciques du commerce sont supplémentés avec ces éléments. Leur concentration compense généralement les déficits dès lors que la distribution est en moyenne de 100 g par vache et par jour.

Et s'il n'y a pas de manque en phosphore, l'excès en cet élément n'a pas d'effet négatif sur la santé des animaux. Mais les rejets dans l'environnement sont augmentés. »

Autre possibilité, oligo-éléments et vitamines peuvent être apportés seuls, régulièrement, ou sous forme de cure. Les éleveurs qui ne distribuent pas de concentré préféreront les cures pour faciliter la distribution.

« L'essentiel est d'échelonner les apports dans l'hiver, poursuit-il. L'organisme s'habitue à la carence. Lors d'un apport soudain, il risque d'en rejeter une plus grande partie au lieu de l'assimiler. »

  

 

Ne pas oublier les interactions

L'alimentation ne fait pas tout. La santé animale et l'ambiance en bâtiment sont deux autres facteurs à surveiller lors de la mise à la reproduction. Et les trois paramètres interagissent entre eux.

Ainsi, l'apport de minéraux peut favoriser le retour en chaleur dans un élevage. Mais pour d'autres, il sera sans effet.