Depuis deux campagnes, le Cetiom réalise des essais sur les écartements (de 50-55 cm à 75-80 cm) et sur les densités pour étudier l'impact sur le rendement du colza. «Nous voulions répondre aux questions des maïsiculteurs qui désirent essayer le semis en monograine du colza», indique Christophe Vogrincic, du Cetiom.
D'après les résultats, en conditions peu ou pas limitantes, «les semis à écartements très larges (de 75 à 80 cm) permettent d'atteindre le potentiel de rendement. A condition de viser une densité de levée de 12 à 15 plantes par mètre linéaire (15 à 20 plantes/m² pour un écartement de 80 cm)», note son confrère, Gilles Beugniet.
Dans des conditions limitantes (faible réserve en eau, climat sec, semis tardifs, faible disponibilité en azote...), les biomasses sont déjà très faibles à la sortie de l'hiver, en particulier pour l'essai avec une faible densité (10 plantes/m²). Les écartements et les densités n'ont pas eu ou ont peu d'impact significatif concernant l'élongation de l'épicotyle à l'automne, la date et la durée de floraison et la hauteur des plantes au stade F1.
Nombreuses ramifications
Dès la formation des ramifications, les compensations se mettent en place en conditions optimales. Au niveau de la plante, le nombre de ramifications secondaires et tertiaires augmente en écartement large, et particulièrement aux faibles densités. Les compensations se poursuivent au niveau des siliques pour parvenir à un nombre au mètre carré équivalent quels que soient l'écartement et la densité (entre 6.900 et 7.400). Le nombre de grains/m² et le rendement aux normes sont équivalents quels que soient l'écartement et la densité (entre 38,4 et 40 q/ha). Mais avec des écartements larges dans des conditions limitantes, ces compensations ne sont pas suffisantes. Elles rattrapent tout de même le retard à densité élevée (22 plantes/m² à la sortie de l'hiver).
L'écartement large présente également moins de graines au mètre carré que l'écartement réduit, surtout en faible et moyenne densité. Il en résulte un rendement aux normes qui décroche. Avec un écartement de 90 cm, il passe de 37,9 q/ha avec une densité élevée ou moyenne (22 et 16 plantes/m² à la sortie de l'hiver) à 31,3 en densité faible (10 plantes/m² à la sortie de l'hiver). Avec un écartement de 50 cm, le rendement passe de 41,9 à 37 q/ha selon les densités.
Ajuster l'azote
Si le coût des semences est moindre en écartements larges, cette économie est compensée par le besoin d'azote un peu plus important pour atteindre le même potentiel de rendement. «Il faut bien ajuster la dose d'azote à la matière verte produite à la sortie de l'hiver, car un colza bien développé accusera toujours mieux les à-coups climatiques ou techniques», assure Didier Chollet.
Le binage est envisageableSelon une enquête du Cetiom, 53,5% des surfaces en colza dans le Sud sont semées avec un semoir monograine, contre une moyenne de 11% en France, parce que plus de cultures de printemps y sont implantées. Cette technique sécurise la qualité de la levée et permet le binage. Si les essais du Cetiom ont été menés avec un itinéraire technique classique, les écartements larges permettent plus facilement un désherbage mécanique. «Avec une baisse du nombre des matières actives disponibles, le binage pourra répondre aux questions de demain», note Didier Chollet. |
Verse : 15 plantes par mètre linéaireConcernant la verse, il n'existe aucune différence entre les écartements mais le risque devient significatif au-delà d'une densité de 15 plantes au mètre linéaire. |