Distribuée jusqu'au 31 juillet 2008, la trifluraline ne peut plus être utilisée sur tournesol (comme sur les autres cultures) en 2009.

Cette substance active était pourtant une solution de présemis très employée, comme le démontre une enquête du Cetiom réalisée en 2006. Les programmes les plus appliqués associaient Treflan + Racer dans le Centre et l'Ouest, Treflan + Afalon dans le Sud-Ouest, et Treflan + Challenge en région Est. «Au même titre que sur le colza, cette matière active était jusqu'à présent la base du désherbage sur tournesol», constate Louis-Marie Allard, ingénieur régional du Cetiom en Bourgogne. Il estime que le changement des programmes de désherbage pourrait voir évoluer la flore, avec de possibles difficultés pour en venir à bout.

Présemis incorporé recommandé

Pour pallier la disparition de la trifluraline, le Cetiom conseille d'utiliser des antigraminées ayant une action complémentaire sur les dicotylédones. C'est le cas de Prowl 400 ou de Mercantor Gold. «Le premier sera plutôt préconisé en présence de renouées et le second pour gérer des problèmes de morelle noire», souligne Jean-Pierre Palleau, ingénieur régional du Cetiom dans le Poitou-Charentes. Par ailleurs, ils pourront sans problème être associés à l'ensemble de la gamme de postsemis prélevée.

Avec ces deux spécialités, deux possibilités s'offrent aux agriculteurs: le présemis incorporé au sol ou le postsemis-prélevée.

Le présemis incorporé est conseillé car il présente une meilleure efficacité et une bonne régularité, comme avec le Prowl 400 vis-à-vis de la mercuriale ou de la renouée-liseron par exemple. Il n'est en revanche pas recommandé de réaliser une application en présemis si les conditions d'implantation ne sont pas optimales.

«L'efficacité sera moindre en postsemis, mais il vaut mieux s'affranchir de l'incorporation du produit, pour ne pas "matraquer" davantage les sols», explique Louis-Marie Allard.

Le Cetiom estime qu'avec Prowl 400 et Mercantor Gold, il devrait être possible de se rapprocher de l'efficacité d'un programme à base de trifluraline.Il demeure malgré tout que le coût de ces nouvelles associations devrait être environ de 15 à 20 euros plus cher à l'hectare. Une des solutions pour réduire les coûts de désherbage est le désherbinage. Avec cette technique, il y a réduction de deux tiers des quantités de matières actives. L'efficacité est assurée sur le rang par le passage de l'herbicide alors que le binage permet de venir à bout des adventices présentes sur l'interrang.

 

Des variétés tolérantes aux herbicides arrivent

Des innovations technologiques sont également attendues. Ces projets sont fondés sur une tolérance naturelle des tournesols à deux herbicides distincts. Les variétés sont obtenues par sélection traditionnelle.

Quant aux herbicides en attente d'homologation, ce sont deux solutions de postlevée. «Un des avantages est donc de ne pas traiter à l'aveugle», constate Jean-Pierre Palleau, du Cetiom dans la région Poitou-Charentes.

Dans le cas de BASF et de la technologie Clearfield, les tournesols sélectionnés sont tolérants à l'imazamox, herbicide de la famille des imidazolinones.

Caussade, Dekalb, Euralis, Semences LG, Maïsadour, NK et RAGT proposeront diverses variétés tolérantes à cette matière active.

Pour le projet nommé ExpressSun, la société DuPont, en collaboration avec le semencier Pioneer, attend l'homologation d'un herbicide de la famille des sulfonylurées: le tribénuron-méthyl.

Le Cetiom s'interroge toutefois sur la pérennité de ces solutions dans le cas où elles seraient utilisées à grande échelle. En effet, ces deux matières actives possèdent le même site d'action. Pour éviter l'apparition de résistances, l'institut conseille de réserver ces technologies aux situations difficiles, comme par exemple en présence d'une flore problématique (Ammi majus, ambroisie, datura, xanthium, chardon...).