De nombreuses études, menées notamment par Arvalis, ont établi que le désherbage alternatif (mécanique et chimique) est une bonne solution, en coût comme en efficacité, pour remplacer le tout-chimique. En revanche, le tout-mécanique montre rarement de bons résultats. Le travail des outils améliore la structure du sol (destruction de la croûte de battance), limite les pertes en eau et active la minéralisation du sol. Il permet aussi, comparé à un programme conventionnel, de diminuer les doses de produits phytosanitaires apportées à l'hectare.

Mise en oeuvre délicate

Toutefois, des contraintes subsistent puisque le débit des chantiers est plus lent qu'en tout-chimique et l'utilisation du matériel nécessite de la technicité pour détruire convenablement les adventices tout en respectant la culture. Par ailleurs, les fenêtres d'intervention étant plus courtes, il n'est pas toujours assuré d'intervenir au moment propice. Un bémol existe toutefois puisque le désherbage alternatif ne présente pas d'efficacité sur les vivaces. Les principaux outils disponibles pour le désherbage mixte sont la bineuse, la désherbineuse, la houe rotative et la herse-étrille.

La désherbineuse associe deux techniques en un seul passage: le désherbage chimique sur le rang et le mécanique sur l'interrang. L'application d'herbicide étant localisée, les doses de produit phytosanitaire employées sont diminuées de deux tiers en comparaison avec le désherbage chimique strict. Elle doit être employée sur un sol suffisamment sec mais avec une hygrométrie suffisante pour que le traitement phytosanitaire soit efficace.

Deux passages sont souvent nécessaires pour venir à bout des adventices. Le premier a lieu au stade 2-4 feuilles du maïs, avec un herbicide foliaire efficace uniquement sur des adventices n'atteignant pas plus de 2 feuilles. Le deuxième passage est accompli jusqu'au stade 6-8 feuilles de la culture (pour éviter l'effet parapluie) avec une pulvérisation ou non d'herbicide foliaire selon le stade de l'adventice.

Contre les graminées, le binage

L'outil le plus employé reste la bineuse qui travaille exclusivement l'interrang et arrache les plantes en sectionnant les racines. Son mode d'action permet d'intervenir sur des adventices plus développées et à un stade plus avancé du maïs, mais l'efficacité est compromise si la pluie intervient deux ou trois jours après le passage de l'outil.

Arvalis conseille, en présence de graminées, une pulvérisation avec un produit racinaire en prélevée puis, si les relevées sont groupées, un binage. En revanche, si les levées sont espacées, l'institut recommande un désherbinage avec un antigraminées foliaire qui pourra être suivi d'un binage.

La herse-étrille, quant à elle, travaille toute la surface et déracine les jeunes plantules. Pour une efficacité optimale, elle doit être utilisée entre le semis et le stade "2 feuilles" de la culture. Moins employée, la houe rotative, qui déchausse les jeunes plantules, est peu sélective de la culture et doit de préférence être employée avant la levée du maïs.

Sur une flore dicotylédone dominante, Arvalis préconise d'employer l'un de ces deux outils en prélevée sur de jeunes d'adventices. Si d'autres relevées apparaissent, une pulvérisation pourra être effectuée en plein au stade 3-5 feuilles du maïs. Le désherbinage remplacera le traitement si la pression n'est pas trop forte.

 

Semis sous couvert de maïs

Même si cette technique reste encore marginale, il est possible de combiner à la bineuse un système de semis sur l'interrang. On implante alors sous couvert de maïs une culture intermédiaire telle que le ray-grass. Le binage favorise alors la levée de la fourragère car il augmente le contact entre le sol et la graine. En zone d'élevage, cette technique permet de valoriser au printemps l'herbe en pâturage.

 

 

Production de semences: désherbage mixte à l'essai

Des expérimentations sont en cours afin d'évaluer l'efficacité du désherbage alternatif sur la production de semences de maïs. En effet, les lignées, plus chétives que les hybrides, restent sensibles à certaines familles d'herbicides (sulfonylurées et hormones). C'est notamment l'efficacité sur les graminées, difficiles à éliminer avec les matières actives restant disponibles, qui est testée.