Lorsque les agriculteurs parlent des salariés agricoles, ils définissent le profil idéal : un jeune qui un jour s'installera. Mais à en croire les offres d'emploi qui demeurent sans réponse, l'équation n'est plus aussi évidente. La faute à l'image du métier, sans doute.
D'où la multiplication des opérations de séduction sur les métiers du vivant dès le collège, avec une idée-force : les commis de ferme appartiennent au passé. Mais les candidats au métier de salarié agricole ne se bousculent pas davantage au portillon. Et ceux qui s'engagent n'hésitent pas à repartir.
Les représentants syndicaux pointent du doigt des grilles de salaires peu attractives, les logements qui font défaut dès que l'on s'approche d'une région périurbaine ou touristique. Eric Swartsvagher, secrétaire général de la FGA-CFDT, dénonce aussi l'absence de planning de travail dans certaines exploitations : « Le salarié a lui aussi ses contraintes, familiales ou autres. »
Il partage avec Michel Marquet, employeur et membre de l'Association nationale pour l'emploi et la formation en agriculture, le souci de mettre en place de véritables plans de formation et de carrière pour les salariés qui n'envisagent pas tous de s'installer.
« Certains employeurs gardent leurs salariés, d'autres se retrouvent tous les huit jours en quête de la nouvelle perle rare, estime Michel Marquet. Pour conserver sa main-d'oeuvre, il faut respecter le triptyque “salaire, formation et conditions de travail”. »
Quand le salarié a l'impression de n'être que la variable d'ajustement, celui qui écluse les travaux de pointe, parfois chez plusieurs exploitants, celui qui est responsable de l'exploitation en l'absence du patron et qui redevient homme à tout faire dès son retour, la relation ne dure pas.
Les exploitants qui gardent leurs salariés sont ceux qui cherchent à comprendre les motivations de leur future recrue, qui ont construit leur offre d'emploi en réfléchissant à l'organisation du temps de travail du salarié. Ce qui suppose d'être soi-même organisé et d'avoir réfléchi à son propre rapport au temps.