Interview de Jean-Luc Poulain, en charge du dossier sur la gestion des risques pour la FNSEA.
La France Agricole : Quel est votre sentiment face à ces arbitrages?
Jean-Luc Poulain: Nous nous attendions à ce que les grandes cultures ne soient plus couvertes que par le régime de l'assurance récolte. Mais j'insiste sur l'importance de maintenir les taux actuels de soutien à la prime. Les céréaliers vont continuer à payer une taxe pour alimenter le Fonds des calamités, tout en étant exclus de ce dispositif. Ce serait un juste retour des choses de maintenir l'ancien taux de 35% en compensation de leur cotisation au Fonds des calamités. De plus, il est contreproductif de diminuer le soutien au moment où certains producteurs choisiront de s'assurer pour la première fois: le coût risque d'être rédhibitoire.
L'absence de réassurance publique menace-t-elle l'essor de l'assurance récolte?
Jean-Luc Poulain: Sans argent, il n'y a pas de développement possible. L'Etat soutient que la réassurance privée serait suffisante pour sécuriser le système. Les réassureurs privés ne sembleraient pas prêts à suivre sans les pouvoirs publics. L'Etat compte sur une expérimentation dans le secteur du fourrage pour 2009. Mais pour les assureurs, il n'y aura pas d'assurance fourrage sans réassurance publique. Le temps est compté. En attendant un éventuel soutien européen, la France prend un retard préjudiciable.
Que dire de la nouvelle déduction pour aléas (DPA), conditionnée pour les céréaliers à la souscription d'un contrat d'assurance?
Jean-Luc Poulain: Allier la DPA au régime d'assurance récolte n'est pas une bonne chose. De nombreuses exploitations vont passer à côté de cet outil. Beaucoup trouveront en effet que le ticket d'entrée pour bénéficier de la DPA, c'est-à-dire souscrire une assurance récolte, est disproportionné par rapport au gain qu'ils pourraient en tirer. Reste aussi à clarifier les critères de définition d'une exploitation céréalière dans ce cadre. Il faut un système plus lisible.