La fertilité des vaches laitières continue à se dégrader, en particulier en race prim'holstein. La sélection génétique explique les cas situés entre le tiers et la moitié de ce recul. Il existe pourtant des outils génétiques pour enrayer, voire inverser la tendance, estime l'Inra. Tout d'abord en intégrant la fertilité dans l'objectif de sélection, bien que ce ne soit ni simple, ni rapide. En effet, «l'héritabilité génétique de ce caractère est très faible, de l'ordre de 1 ou 2%, expliquait Vincent Ducrocq, chercheur à l'Inra, lors des Prairiales Normandie, à l'Inra du Pin-au-Haras (Orne), le 14 juin. Parallèlement, sa variabilité est élevée. Ainsi, certains taureaux "extrêmes" ont des taux de réussite à l'insémination artificielle (IA) chez leurs filles variant de +15% à -15%.»
Enfin, «la fertilité est un caractère complexe qui fait intervenir plusieurs aspects»: la précocité des génisses, la reprise de la cyclicité des vaches après vêlage et la réussite à l'IA, elle-même fonction de la qualité de la semence du taureau utilisé, de la vache et de l'embryon (éventuelles anomalies génétiques).
Un index plus fiable
La précision de l'index «fertilité» reste faible. L'Inra a donc cherché à le fiabiliser avec un nouveau mode de calcul, qui a été appliqué pour la première fois aux index taureaux laitiers de la sortie de juin 2007. Ce calcul utilise plus largement les données relatives à chaque insémination, centralisées depuis plus de dix ans via le Contrôle laitier. Les chercheurs ont également affiné le calcul du résultat de chaque IA ainsi que les fertilités «génisse» et «vache».
Enfin, d'autres caractères, qui influencent la fertilité, sont utilisés, comme la production laitière (qui lui est corrélée négativement), la longévité ou encore certains postes morphologiques tels que l'inclinaison du bassin, l'aspect et la profondeur du corps en prim'holstein. «Ce sont les vaches peu profondes, grossières et au bassin incliné qui sont en moyenne un peu plus fertiles», précise Vincent Ducrocq. A court terme, l'intervalle vêlage-première IA devrait également être pris en compte.
Pour simplifier, un seul index synthétique «fertilité» sera publié et inclus dans le calcul de l'Isu (Index synthétique Upra). Actuellement, son poids n'est que de 15%. «Mais les Upra et les centres d'insémination auraient intérêt à augmenter la part des caractères fonctionnels dans l'Isu, et baisser celle des caractères de production», suggère Vincent Ducrocq.
La recherche moléculaire constitue la deuxième voie pour enrayer la chute de la fertilité. Ainsi, les chercheurs de l'Inra et de l'Unceia ont identifié des zones de chromosomes (dites QTL) influençant la fertilité femelle sur les chromosomes 1 et 3, et peut-être sur les chromosomes 2, 7 et 21. Ces QTL peuvent déjà être utilisées pour trier les jeunes taureaux avant leur mise en testage.
Lorsque les gènes impliqués dans la fertilité seront repérés plus précisément, la sélection pourra aller très vite.
DÉFINITIONSFertilité et fécondationLa fertilité caractérise l'aptitude d'une vache à être fécondée. Elle s'évalue par le taux de réussite à l'insémination. La fécondité traduit le fait que les femelles se reproduisent dans un temps donné. Elle se mesure par l'intervalle vêlage-vêlage ou par l'intervalle vêlage-insémination fécondante. |
IA: une dégradation de 1% par anLe taux de réussite à la première IA recule de 1% par an en race prim'holstein. Parallèlement, l'intervalle vêlage-première IA s'est accru (+5 jours en huit ans). L'intervalle vêlage-vêlage est désormais supérieur à 13 mois et il augmente de deux à trois jours par an. La normande et la montbéliarde suivent la même tendance. Cette dérive entraîne des coûts directs (d'IA et de frais vétérinaires) plus élevés et des réformes plus fréquentes. |