Les fortes attaques de pucerons sur pommes de terre peuvent être responsables de la dégradation de la qualité des lots et de pertes significatives de rendement, jusqu'à 10 q/ha en parcelle irriguée. C'est en prélevant la sève que les insectes provoquent des dégâts. En revanche, excepté quelques cas (lire l'encadré), les pommes de terre sont rarement sujettes à des viroses.
La Champagne et la Picardie sont plus souvent soumises aux attaques, car les conditions climatiques sont plus favorables à leur développement que dans les régions situées plus au nord. En Champagne, le ravageur est présent dès la mi-juin alors que, dans le Nord-Pas-de-Calais, les pics de vols ont plutôt lieu au début de juillet.
Seuil d'intervention simplifié
Pour autant, il n'y a pas de stade particulièrement sensible, il suffit de veiller à ce que les pucerons ne se développent pas. «Aucun modèle informatique existe pour connaître le risque de l'année en cours. Seuls les tours à succions et les bacs jaunes placés dans les parcelles nous permettent de prendre connaissance du risque», explique Ludovic Dubois, de la Protection des végétaux du Nord-Pas-de-Calais.
Une méthode simplifiée a été mise au point récemment par les professionnels de la pomme de terre afin de raisonner la lutte contre les pucerons. En effet, un seul traitement est suffisant si l'on prend soin d'intervenir au bon moment. L'ancien procédé, toujours d'actualité pour les essais, était plus contraignant pour les agriculteurs. Maintenant, il suffit d'observer des folioles (une feuille étant composée de 7 à 11 folioles) sur la moitié inférieure de 40 plantes réparties dans la parcelle. Il faut pour cela prélever l'une des deux folioles latérales situées juste en dessous de la foliole terminale, car elles présentent plus de colonies. L'examen effectué, il faut traiter si plus de 20 folioles sont porteuses de pucerons.
Puisque le pyrimicarbe se révèle inefficace sur «Aphis nasturtii» (l'une des quatre espèces le plus souvent rencontrées) et que la détermination des espèces reste difficile, il est conseillé de choisir une matière active efficace sur l'ensemble des pucerons. En cas de très fortes infestations, les aphicides stricts tels que Teppeki (flonicamid) ou la gamme Plenum (pymétrozine) présentent les meilleures efficacités et sont respectueux des auxiliaires.
Respecter les auxiliaires
Il faut en effet prendre en compte la très forte régulation des populations de pucerons par les auxiliaires (chrysopes, hémérobes...) avant de traiter. Différentes expérimentations ont démontré que les produits éliminant les auxiliaires entraînent rapidement le redéveloppement des pucerons.
En présence de doryphores, l'utilisation d'une spécialité hom0ologuée sur les deux ravageurs reste possible (pyréthrinoïde, par exemple), le traitement est alors déclenché en fonction du premier ravageur présent, en suivant les seuils d'intervention.
Une gestion plus rigoureuse sur plantsEn production de plants, le raisonnement est différent. Il est essentiel qu'il n'y ait aucune virose pour assurer des plants sains l'année suivante.Pour cette raison, il faut absolument réduire le nombre de piqûres de pucerons susceptibles de transmettre des virus. L'application d'huiles minérales est donc systématique.En pommes de terre de transformation, la vigilance est aussi de mise car plusieurs variétés sont sensibles aux viroses. |
Règles: soigner l'interventionLes pucerons se situent de préférence sur les étages inférieurs de la plante. Pour pénétrer au coeur de la végétation, il faut des volumes de bouillie de 300 l/ha. Les buses et la vitesse de passage doivent alors être adaptées. |