En 2006-2007, l'été humide suivi d'un automne et d'un hiver doux avait favorisé la multiplication de l'inoculum de rouille brune. «Pour 2007-2008, les températures restent dans la moyenne.
Dans le Sud-Est, en mars, nous n'avions pas encore observé de pustules sur les blés durs, alors qu'en 2006 nous en avions trouvé dès novembre. Mais le modèle que nous testons indique que nous restons dans une année à risque. Mieux vaut être vigilant», estime Philippe Braun, d'Arvalis.
Dans les zones littorales, sur les variétés sensibles, le technicien conseille un traitement préventif avec une dose réduite de strobilurine, avant le traitement principal à dernière feuille étalée. «Si le climat est chaud et humide en avril, l'inoculum va se développer rapidement. Mieux vaut anticiper pour éviter de se retrouver à la fin d'avril avec 100 ha à traiter en trois jours.»
En préventif
Dans le Sud-Ouest, sur les variétés sensibles semées à la fin d'octobre, ayant levé normalement et présentant une densité correcte, le réseau Challenge blé dur conseille aussi d'intervenir en préventif avec une triazole dès le stade des 2 ou 3 noeuds si le climat d'avril est propice à la maladie. Pour les levées retardées, les blés clairs ou les semis tardifs, il y a en revanche peu de risques avant épiaison.
Dans les stratégies à deux traitements, le premier se fera alors à dernière feuille étalée, en tenant compte du risque septoriose. Le deuxième, entre la fin de l'épiaison et le début de la floraison, reste centré sur la fusariose, mais permet de revenir sur la rouille.
«Le choix des matières actives doit tenir compte de la présence ou non des deux types de fusariose. Le mélange de Joao, qui agit sur "Fusarium roseum" et "Microdochium nivale", et d'Horizon EW, actif sur rouille brune, n'est plus autorisé en 2008», rappelle Jean-Claude Cochet, d'Arvalis.
Si la rouille brune est précoce dans le Centre, il faut prévoir un traitement à partir du stade des 2 noeuds, dès l'apparition de pustules sur une des trois dernières feuilles. Si elle est tardive, une seule intervention à la floraison suffit, groupée avec le traitement contre les fusarioses.
«En 2007, la rouille a été exceptionnellement précoce. Il fallait être très réactif. Nous aurions besoin d'un modèle de prévision pour mieux anticiper», relève Michel Bonnefoy, d'Arvalis. Dans le Centre-Ouest, 2007 a rappelé la nocivité de la rouille brune sur blé dur. «Des variétés comme Pescadou et Karur étaient à surveiller, rappelle Jean-Louis Moynier, d'Arvalis. Il fallait intervenir dès la montaison. Le temps sec d'avril a laissé penser que la maladie allait se calmer. En fin de cycle, tout a explosé, les maladies du pied comme la rouille ou les fusarioses. A ce niveau, c'est très rare!»
Prévisions et observationsEn 2008, la Protection des végétaux (PV) de Midi-Pyrénées diffusera encore des avertissements grandes cultures auprès de ses 2.000 abonnés. «Nous utilisons un réseau d'une dizaine de parcelles regroupant plusieurs variétés sensibles, semées à trois dates différentes. L'implantation est faite par des coopératives, et les notations de la rouille par la Fredon (1). Nous faisons aussi tourner notre modèle de prévision, Spirouille. Il nous aide à mieux comprendre les variations interannuelles. Mais ce sont les observations dans le réseau de parcelles qui restent les plus importantes pour élaborer les avertissements», explique Jacques Moinard, de la PV de Toulouse. Arvalis teste de son côté deux modèles de prévision. «Au sein de l'Association blé dur développement, nous avons aussi constitué un réseau d'échanges entre techniciens, pour regrouper nos observations et répercuter l'information en cas d'alerte», ajoute Philippe Braun, d'Arvalis. _____ (1) Fédération régionale de défense des organismes nuisibles. |
Variétés: les tolérances évoluentLes souches de rouille brune évoluent, et la sensibilité des variétés aussi. Une variété comme Nefer, tolérante lorsqu'elle a été lancée, doit aujourd'hui être classée parmi les variétés sensibles. |