«Le tournesol est l'une des plantes les moins gourmandes en eau. C'est la raison pour laquelle les agriculteurs ont pris l'habitude de le réserver aux parcelles les plus séchantes, explique Franck Duroueix, du Cetiom à Agen. Il est cependant aussi l'une des cultures qui valorisent le mieux les apports d'eau.» Le Cetiom conduit depuis trois, quatre ans des essais pour mesurer l'intérêt de l'irrigation dans différentes régions de production et déterminer la stratégie d'irrigation la mieux adaptée. Les résultats sont très significatifs. «Avec le climat très sec de 2003, 2004 ou 2005, en situations de petites terres, deux apports d'eau de 35 à 40 mm à partir de la floraison ont permis un gain de rendement de 8 à 10 q/ha, indique Franck Duroueix. Dans le Poitou-Charentes, en 2005, le gain moyen de rendement s'est même élevé à 12 q/ha avec 70 mm d'eau et 17 q/ha pour 100 mm d'eau!» Pour lui, il est possible avec le tournesol d'obtenir des rendements supérieurs à 30 q/ha et même compris entre 35 et 40 q/ha. Dans ces conditions, le tournesol devient tout à fait compétitif par rapport à d'autres cultures.
Bien placer les apports
Selon les situations, l'optimum est en général obtenu avec un à trois tours d'eau de 30 à 35 mm à adapter bien sûr en fonction de la pluviométrie. Le Cetiom conseille dans les régions Centre, Est et Ouest-Atlantique, en présence de tournesol peu développé au stade du bouton, un tour d'eau juste avant la floraison ou deux tours d'eau juste avant la floraison et à la fin de la floraison, voire trois tours d'eau en sols superficiels, au stade du bouton étoilé, au début de la floraison et à la fin de la floraison. Si le tournesol a un fort développement végétatif au stade du bouton, l'institut recommande de décaler le premier apport au stade de la fin de la floraison et d'en réaliser éventuellement un deuxième, dix jours plus tard. Dans la région sud, les apports seront aussi fonction de l'année et du type de sol, en démarrant l'irrigation avant la floraison ou au début de la floraison si le tournesol est peu développé au stade du bouton et à la fin de la floraison s'il est bien développé à ce stade.
«L'irrigation du tournesol présente bien sûr un intérêt en situations sèches, reconnaît Franck Duroueix, mais elle est encore plus intéressante en situation limitante en eau. C'est le cas des exploitations où la ressource en eau est limitée, ou des situations où une année donnée la région est soumise à des restrictions réglementaires ou à des arrêts précoces d'irrigation.»
Irrigation: attention aux maladiesIl est recommandé de ne pas irriguer en pleine floraison si le temps est humide pour éviter les attaques de sclérotinia du capitule. De même, il est préférable en cultures irriguées d'opter pour une variété de tournesol très peu sensible ou peu sensible au phomopsis. |
La teneur en huile aussi améliorée«L'irrigation améliore non seulement le rendement, mais aussi la teneur en huile, explique Didier Chollet, du bureau régional de Lyon au Cetiom. Dans nos essais du Sud-Est, en 2006, l'irrigation a apporté en moyenne un gain de rendement de 5 q/ha avec un apport d'eau à la fin de la floraison, de 8,6 à 10 q/ha pour deux apports d'eau selon le positionnement des tours et de 14,6 q/ha pour trois apports (avant la floraison, à la fin de la floraison et à la postfloraison). On a noté une nette amélioration de la teneur en huile, de 4,6 points pour un seul apport, 9,7 points pour deux apports d'eau et 7,8 points pour trois tours d'eau, sachant qu'avec les variétés oléiques, les teneurs en acide oléique ne décrochent pas.» |