«Nous avons totalement revu et corrigé l'aménagement intérieur du bâtiment d'élevage, qui était initialement une stabulation libre occupée par 60 vaches et 30 génisses charolaises», expliquent Denis et Colette Frioud, installés en élevage caprin au Bouchaud, dans l'Allier. C'est en effet avec un troupeau allaitant que ce couple d'éleveurs suisses s'établit en mars 1997. Mais la crise de l'ESB leur fait remettre en cause leur système. Au terme d'une sérieuse réflexion, ils s'orientent vers la production de lait de chèvre.

«Il était hors de question de construire un nouveau bâtiment, expliquent-ils. Nous avons donc tout réaménagé nous-mêmes. Avec l'objectif de loger plus de 400 chèvres et d'organiser au mieux notre travail.» La charpente métallique et les poteaux ont évidemment été conservés. Mais l'ancien couloir d'alimentation, large de 8 mètres qui court sur toute la longueur de l'édifice, abrite désormais une partie du stockage de foin (voir le plan ci-dessous). Les éleveurs y ont aménagé aussi trois parcs, deux pour les boucs et un pour des chevreaux. Dans le prolongement, ils ont implanté le local du tank à lait et un bureau. Perpendiculairement à cet ancien couloir, ils ont installé la salle de traite. «Sur toute cette largeur, le mur était tendu de filets brise-vent. Or les chèvres supportent mal le froid et les courants d'air. Nous les avons remplacés par une alternance de tôles translucides, perforées et opaques. Ainsi, les conditions d'ambiance actuelles sont satisfaisantes.»

Faciliter le travail quotidien

Des barrières mobiles à l'entrée et à la sortie de la salle de traite, un déplacement aisé des chèvres à l'intérieur du bâtiment et la possibilité de circuler avec le valet de ferme autour des mangeoires facilitent le travail au quotidien. Denis paille le sol chaque soir avec les refus de la journée, en vidant les mangeoires. Il les remplit de paille le soir et de foin le lendemain matin à l'aide du valet de ferme équipé d'une dérouleuse. L'eau arrive aux abreuvoirs à température moyenne, été comme hiver. Pour le concentré, un mélange de 60% d'épeautre produit sur 30 ha de l'exploitation et de 40% de complément azoté, les chèvres disposent de neuf distributeurs automatiques (Dac).

«Cet aménagement intérieur sans couloir d'alimentation nous permet de gagner de la place. Sans cela, nous ne logerions pas autant d'animaux sous le même toit et dans des conditions correctes», commentent Denis et Colette. Jugeant la chèvre à la fois fragile et résistante, ils ont ainsi voulu simplifier les tâches répétitives (alimentation et traite) afin de consacrer du temps à la surveillance des animaux, en particulier lors des périodes de naissances: 220 femelles mettent bas en novembre et 200 autres en mars. Leurs chèvres apportent aujourd'hui à Denis et Colette un bon équilibre entre travail et rémunération.

Coût

- Salle de traite simple

Equipement : 2 × 24 places et 2 × 12 griffes, avec décrochage automatique: 44.000 €

- Valet de ferme: 30.000 €

- Dérouleuse: 3.750 €

- 9 distributeurs automatiques de concentrés de 3.000 € chacun

Traite par l'arrière pour surveiller les mamelles

La salle de traite a été conçue en recherchant le meilleur rapport entre qualité de travail et prix de l'installation. «Les chèvres sont traites par l'arrière, ce qui facilite une bonne surveillance de l'état des mamelles», souligne Colette. Elles sont attirées par un peu de concentré dans une mangeoire, qui se soulève une fois la traite finie pour libérer par l'avant les 24 femelles en une seule fois. Cette sortie rapide économise du temps. Colette compte en moyenne une heure et demie pour traire 360 animaux. Avec une production de 800 litres par chèvre, le lait affiche un TP de 35,2 g/kg et un TB de 39,7 g/kg. Son prix de vente moyen est de 0,53 €/l.