«J'ai assuré la traite jusqu'au sixième mois de ma grossesse, explique Julie Forestier. Un salarié, dont le coût est pris en charge par la MSA, a pris le relais.» Pour cette jeune agricultrice de vingt-cinq ans, il aurait été «aberrant» de ne pas demander le remplacement pour maternité. «Cela a été un grand soulagement», témoigne-t-elle. La jeune femme vient de s'installer avec les aides en qualité de chef d'exploitation sur la ferme laitière de son concubin à Arlempdes (Haute-Loire). «C'est complètement ridicule d'envoyer une femme enceinte accomplir des travaux pénibles et dangereux, alors qu'elle peut se faire remplacer», surenchérit Eric Bay, son compagnon.
«Je me suis préoccupée de mon remplacement dès le quatrième mois de grossesse, indique Julie. J'ai contacté le Gedra (1), le service de remplacement de Haute-Loire, et la MSA. Les formalités ont été très simples. Il a suffi d'une déclaration auprès de la MSA.»
Des formalités très simples
La demande d'allocation doit être adressée à l'organisme assureur (MSA ou Gamex) trente jours avant la date prévue d'interruption d'activité. Celui-ci vérifie si les conditions d'accès sont bien remplies et transmet la demande au service de remplacement. «Nous incitons les agricultrices à nous prévenir le plus tôt possible, précise Claude Cubizolle, directeur du Gedra. En général, ce sont des remplacements qui se passent bien car le chef d'exploitation est présent. Rien à voir avec un accident ou une maladie.»
«La date d'accouchement est prévue le 15 juin, poursuit Julie. Le remplacement pour maternité a démarré à la mi-avril et devrait finir à la fin d'août. L'agent de remplacement vient six jours par semaine, sept heures par jour. De plus, nous avons droit à un dimanche par mois.» La durée normale de prise en charge est de seize semaines à placer au cours d'une période commençant six semaines avant la date présumée d'accouchement et se terminant dix semaines après celui-ci. S'y ajoutent deux semaines pour grossesse pathologique et des prolongations en cas de césarienne ou de naissances multiples.
«Je n'ai pas l'habitude de travailler avec un salarié, raconte Eric. Toute l'organisation du travail a été chamboulée, mais ça se passe très bien.» Eric s'est déjà renseigné sur le congé de paternité. S'il ne sait pas encore à quelle date il va le prendre, ce qui est sûr, «c'est qu'il va le demander».
Onze jours pour les papas
Eh oui! les papas agriculteurs ont droit, eux aussi, au congé de paternité. Il se traduit par une allocation de remplacement d'une durée de onze jours (dix-huit jours en cas de naissances multiples). Le père doit effectivement cesser son activité. Ce congé peut être accolé au congé postnatal. Les parents ont alors l'opportunité de recourir au même remplaçant.
C'est l'option qu'a privilégiée Joël Rochette, l'heureux papa d'une petite Ludivine née le 2 mars dernier. «Nous n'avons pas hésité à demander le remplacement pour maternité et paternité, dit ce producteur laitier. il est vrai qu'il faut apprendre à déléguer son travail. Mais c'est formidable, en particulier au moment de l'accouchement, de rentrer à la maison et de savoir que le travail est fait. J'ai également pu libérer du temps pour nos aînés, Antony et Laura.»
De fait, on constate que la confiance existe bel et bien entre les exploitants et Christophe Giraud, qui a assuré le remplacement d'Angèle, puis celui de Joël. Le congé de paternité touche à sa fin. «La reprise va être dure», avoue Angèle.
(1) Groupement d'employeurs de remplacement agricole.
Sauf CSG et CRDS: remboursé à 100%Les frais de remplacement sont intégralement pris en charge par la MSA, à l'exception des contributions sociales (CSG et CRDS). Par exemple, alors que le coût moyen d'une journée de remplacement est de l'ordre de 110 à 120 €, il reste à la charge de l'agriculteur environ 8 à 10 € par jour. |
Les bénéficiairesL'allocation de remplacement pour maternité ou paternité est accordée à l'assuré non salarié agricole (chef d'exploitation, associé exploitant, aide familial, associé d'exploitation), au conjoint d'un assuré non salarié, ainsi qu'au concubin. Il faut relever de l'Amexa (assurance maladie des exploitants agricoles) dix mois au moins avant l'arrivée de l'enfant. Sous certaines conditions, l'allocation est servie à l'assuré non salarié exerçant à titre principal une activité salariée. |