«Produire du blé dur, c'est garder à l'esprit un objectif de qualité dont la fertilisation azotée est une des clés, déclare Michel Bonnefoy, ingénieur Arvalis pour le Centre. Un minimum de 14% de protéines est indispensable pour limiter le mitadinage et produire des pâtes d'une bonne ténacité.» Le blé dur a des besoins azotés supérieurs au blé tendre, puisqu'il faut compter 3,5 unités en moyenne pour produire un quintal. Ceci conduit – même avec un objectif de rendement plus faible – à appliquer une dose totale assez proche de celle du blé tendre.
Lorsque l'objectif de rendement est fixé, le calcul de la fertilisation est réalisé avec la méthode du bilan. «Néanmoins, si l'on en reste à ce chiffre avec un fractionnement en deux apports, nous n'atteindrons jamais l'objectif de 14% de protéines, ajoute Michel Bonnefoy. Avec les variétés cultivées actuellement, les essais réalisés dans les diverses régions de production montrent que nous serions plutôt à 12,5% pour Lloyd et Karur, 13% pour Biensur et 13,5% pour Pescadou.»
Alimenter en continu
Pour concilier les objectifs de rendement et de qualité, l'agriculteur dispose de deux leviers puissants : l'augmentation de la dose totale et le fractionnement. Ainsi, selon Arvalis, il convient d'augmenter la dose en moyenne de 40 u/ha pour Lloyd et Karur, de 25 unités pour Biensur et de 15 unités pour Pescadou. «Conjointement, un fractionnement en un minimum de trois, parfois de quatre apports, est préconisé, poursuit Michel Bonnefoy. L'effet d'un apport tardif (dernière feuille étalée) est encore plus significatif sur blé dur que sur blé tendre. Quarante unités à ce stade procurent en moyenne plus de 0,7 point de protéines en blé dur, contre + 0,3 en blé tendre et 80 u/ha augmentent la teneur de 1,7 point, contre + 0,4 point en blé tendre. « En fait, comme la dose totale est majorée selon les variétés de 15 à 40 u/ha, l'agriculteur ne prend aucun risque pour le rendement à reporter un minimum de 60 u/ha à la sortie de la dernière feuille, assure Michel Bonnefoy. Selon nos essais réalisés en région Sud, le rendement ne varie pas entre un troisième apport réalisé à deux noeuds et un autre à dernière feuille étalée, mais dans le second cas la teneur en protéines augmente d'un point. Simplement, si la dose est importante (plus de 60 u/ha), il peut être judicieux de la partager en deux, la seconde fraction pouvant être épandue jusqu'à l'épiaison.»
Outils de pilotage
Comme avec le blé tendre, les outis de pilotage (N-Tester, GPN, Jubil, etc.) présentent un réel intérêt pour ajuster la dose en fonction du potentiel estimé à fin montaison, à condition que l'apport précédent ait été absorbé par la plante. Certaines années, ils permettent même des économies d'azote.
Au final, plusieurs fractionnements sont possibles. Quelle que soit la situation, l'apport de sortie hiver n'excède pas 40 unités à l'hectare et peut être supprimé si les bandes double densité ne décolorent pas. «Si l'on prend comme exemple une dose totale de 200 u/ha, l'apport épi 1 cm varie entre 100 et 120 u/ha avec un troisième apport de 40 ou 60 u/ha, propose Michel Bonnefoy. Mais il est également possible de répartir la dose de montaison entre le stade épi 1 cm (80 u/ha) et le stade deux noeuds (40 u/ha). Enfin, avec un outil de pilotage, il est préférable de ne pas dépasser 80 u/ha à 1 cm, ce qui laisse comme possibilité d'épandre entre 40 et 100 u/ha en fin de cycle selon le potentiel réajusté.»
Préférer les formes solidesPar rapport aux différentes formes d'engrais azotés,le blé dur réagit comme le blé tendre. Un apport solide sous forme d'ammonitrate ou d'urée 46 est mieux valorisé qu'une solution azotée. A même dose, le gain avec l'ammonitrate est en moyenne de 3,9 q/ha en sols calcaires et de 1,9 q/ha en limons. La teneur en protéines est améliorée de 0,75% en sols calcaires et de 0,6% en limons. |
Pluies: il faut 20 mmUn cumul de 20 mm dans les vingt jours qui suivent l'application est nécessaire pour valoriser un engrais azoté. La répartition importe peu, petites pluies espacées sur la période ou une ou deux grosses ondées ont la même efficacité. |