«Que la situation soit bonne ou mauvaise, l'agriculteur doit être en mesure de savoir où il va », déclarent François-Pierre Béguin et Eric Quineau, conseillers d'entreprise au centre de gestion d'Eure et Loir (CEREL). Le calcul des excédents brut d'exploitation « objectif » et « potentiel » (voir tableau) sur plusieurs exercices et l'analyse des résultats obtenus aident l'agriculteur à se rendre compte s'il possède un outil de production économiquement viable.

1. Calcul de l'EBE «objectif»

La somme des engagements financiers présents ou futurs de l'exploitation et des prélèvements privés des agriculteurs est égale à l'excédent brut d'exploitation «objectif» (EBE «objectif») de l'entreprise (voir le tableau). Pour évaluer au mieux leur montant, l'agriculteur a intérêt à réaliser un budget personnel qui prend en compte les besoins de sa famille (remboursements et épargne personnels, études des enfants par exemple) et les impôts sur le revenu. Les montants des prélèvements qui figurent sur le compte de résultat ne sont pas de bons indicateurs.

Le calcul de l'EBE «objectif» prendra également en compte la résorption pluriannuelle du déficit de trésorerie (s'il y en a un), les besoins en fonds de roulement supplémentaires et sur la ligne du tableau «incidence conjoncturelle», les sommes destinées à compenser l'inflation prévisionnelle de certaines charges.

2. Calcul de l'EBE «potentiel»

L'estimation de l'excédent brut d'exploitation « potentiel » se fait en deux temps. On calcule d'abord la marge brute globale prévisionnelle de l'exploitation en fonction d'hypothèses de prix et de rendements précises. Son montant donne une idée des modifications à envisager pour obtenir de meilleurs résultats. Puis, il faut estimer les dépenses de structure pour les prochains exercices en se référant aux montants des exercices antérieurs pour en déduire l'EBE «potentiel» (voir l'encadré).

A propos des charges proportionnelles, l'agriculteur doit se référer à ses écritures comptables ou aux comptes de résultat des années antérieures. Il est préférable d'établir une marge brute pour chacune des activités en prenant en compte l'inflation potentielle de certaines charges. Ensuite les résultats obtenus doivent être agrégés pour en déduire la marge brute globale prévisionnelle de l'exploitation.

3. Confrontation des résultats

L'écart entre les montants de l'EBE «objectif» et de l'EBE «potentiel» indique quelle peut être l'évolution de la trésorerie de l'exploitation dans les années à venir. Si cet écart mentionne un déficit d'EBE important (l'EBE «potentiel» est inférieur à l'EBE « objectif »), l'analyse des résultats obtenus distinguera les facteurs conjoncturels des facteurs structurels. Dans le premier cas, l'agriculteur tentera par exemple de réduire momentanément certaines charges pour compenser, sans remettre en cause le potentiel de production de l'exploitation, le surcoût pour d'autres postes (engrais azoté). Il pourra aussi demander une ouverture de crédit plus importante à son banquier pour passer le cap. Dans le second cas, une réflexion approfondie s'impose. Avec l'aide d'un conseiller, l'agriculteur reverra par exemple son programme d'investissements et tentera de rééchelonnner le remboursement de ses prêts.

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CALCUL

Dépenses de structure retenues

Pour calculer l'EBE «potentiel», on ne prendra pas en compte les amortissements, les provisions et les frais financiers. Les autres charges de structure retenues restent identiques d'une année à l'autre ou varient. Les cotisations sociales dépendent par exemple des revenus des années antérieures. A propos de l'entretien du matériel et des réparations, il faudra distinguer ce qui ressort de l'exceptionnel et de l'entretien courant.