Quatre agriculteurs du département de l'Aisne chauffent depuis l'an dernier leur maison en brûlant du blé dans leur chaudière. C'est en discutant entre eux à la coopérative et avec un chauffagiste de la région très intéressé par les énergies renouvelables que le projet a pris forme.
"Au Danemark, de nombreuses chaudières fonctionnent aux céréales", explique Jean-Claude Roussillon, l'un des quatre agriculteurs. Leur chauffagiste, Stéphane Denys, s'est rapproché de son fournisseur danois de chaudières.
Compter de 2 à 2,5 tonnes de blé pour 1.000 litres de fuel
Le prix d'achat de la chaudière est plus élevé, entre 7.500 et 9.000 euros selon la puissance, au lieu de 4.500 euros pour l'équivalent au fuel, mais le fait de fonctionner au blé coûte ensuite deux, trois fois moins cher. Du côté de la consommation, il faut compter de 2 à 2,5 t de blé pour 1.000 litres de fuel. "La chaudière peut fonctionner avec n'importe quelle céréale: de l'orge, du maïs, du triticale... précise Jean-Claude Roussillon. L'intérêt pour nous sera par exemple d'écouler une céréale couchée, le petit blé après triage, ou éventuellement demain un lot qui contiendrait des mycotoxines." Le blé peut être produit sur jachère, l'agriculteur doit pour cela se rapprocher de l'Onic, signer un contrat avant le semis et la céréale doit être dénaturée à la récolte avec du gasoil. "Ces quatre premières installations devraient faire des émules dans la région, ajoute Thierry Denys, d'autant que depuis le 1er janvier, les chaudières au blé donnent a priori droit à un crédit d'impôt de 40%, au titre des énergies renouvelables."
"Plus de 50 % d'économie""La chaudière coûte assez cher à l'achat, 7.800 euros installation et cheminée comprises, mais elle sera vite rentabilisée, reconnaît Jean-Claude Roussillon. Pour chauffer notre grande maison, nous avons besoin d'environ 12 tonnes de blé par an, l'équivalent de 6.000 litres de fuel. Avec du blé à 100 euros, cela nous revient à 1.200 €/an alors qu'avec du fuel à 45 centimes d'euros, il aurait fallu compter 2.700 euros. En trois ans, le surcoût de la chaudière est amorti. L'alimentation est très simple et pratiquement aussi facile que pour le fuel: la chaudière a une autonomie de 500 kg de blé, je la remplis une fois par semaine grâce à une petite vis sans fin qui la relie à la cellule de stockage installée juste à côté." |