Exploitants en Gaec à Salives (Côte-d'Or), Charles Schneider et son père Jacques préfigurent ce qui pourrait devenir une nouvelle diversification pour l'agriculture: la fourniture de chauffage à partir de biomasse et de sous-produits agricoles. Au terme d'un projet démarré en février 2002, ils ont constitué la SARL AgroEnergie pour produire et vendre de l'énergie au CEA (Commissariat à l'énergie atomique) de Valduc, à une quarantaine de kilomètres de Dijon. AgroEnergie a construit une chaufferie développant jusqu'à 5 mégawatts, approvisionnée par de la paille et du bois collectés localement (respectivement 5.000 et 800 tonnes par an). L'installation fonctionne depuis le 21 novembre dernier.
Du fait de la particularité des activités du CEA, il n'a pas été possible de monter l'installation à l'intérieur du centre, ce qui a engendré un surcoût d'environ 750.000 euros lié à la construction d'un réseau enterré de chaleur de 1.400 m et au raccordement électrique. L'investissement total s'élève à 2,35 millions d'euros et a bénéficié de subventions à hauteur de 1,164 million d'euros.
Economies par rapport au fioul
Un contrat de douze ans a été signé avec le CEA par lequel celui-ci s'engage à acheter 20.400 mégawattheures par an, quelle que soit la température extérieure, à un prix révisable annuellement. Le mégawattheure a été facturé 36,05 euros en 2005. Directeur du centre de Valduc, Robert Isnard y voit un projet "gagnant-gagnant" et estime qu'il sera rentabilisé "dans à peu près deux ans". En externalisant les deux tiers de son chauffage, le CEA évite le renouvellement d'une chaudière à fioul de 10 mégawatts (soit la somme rondelette d'un million d'euros) et fait de substantielles économies par rapport au fioul lourd. Ce type de chaufferie lui permet en plus d'afficher une réduction de plus de 6.300 t de CO2 par an (gaz à effet de serre).
Malgré l'importance du niveau de subvention (près de 50%), Charles Schneider pense que l'initiative est reproductible. Une société d'économie mixte et un industriel l'ont du reste contacté. Deux projets de chaufferie à paille sont à l'étude chez des serristes de Bourgogne. Le constructeur de la chaudière, la société Compte, explique être de plus en plus sollicité par les agriculteurs, mais il ne lui semble pas possible de monter des installations paille à moins de 3 ou 4 mégawatts, compte tenu des investissements très lourds qui doivent être consentis pour le traitement des fumées, l'automatisation de la chaîne pour la paille et du démêlage des balles.
Deux ressources possiblesPour sécuriser son approvisionnement dans un rayon de 10 à 15 km, AgroEnergie a contractualisé avec le Gaec Schneider et une autre exploitation pour 1.000 t de paille par an chacun. Les Schneider commercent historiquement avec trois autres fermes capables de rassembler 1.000 t et deux exploitants supplémentaires veulent investir dans le pressage en prestation. Le marché de la paille étant très spéculatif (52 €/t en 2003, 33 €/t à la fin de 2005), la chaufferie peut brûler des déchets de bois (plaquettes) fournis par deux scieries environnantes (à moins de 5 km). |