«Mon intégrateur devait venir chercher mes poulets il y a déjà quinze jours, raconte Bernard Chanet, qui possède un poulailler de 1 000 m2 à Ambérieux-en-Dombes, dans l'Ain. Mais je me trouve dans la zone de protection de 3 kilomètres autour du foyer de grippe aviaire. Rien n'a pu sortir du périmètre. Depuis, mes poulets grossissent… »
Les 140 éleveurs situés dans cette zone sont tous confrontés au même problème : ils ne peuvent commercialiser leurs volailles qu'à condition qu'elles soient cuites. Mais l'Ain ne possède pas les unités de transformation adéquates. « Et personne, pas même les associations caritatives, ne veut de ces volailles, pourtant gratuites », regrette Gérard Mucke, directeur de la FDSEA. L'Etat a donc proposé l'abattage de ces animaux invendables, contre indemnisation sur la base du barème des calamités agricoles (0,96 €/kg en poulet de chair standard, 1,51 € en poulet label, 1,52 € en canard). Jusqu'à 950 000 volailles seraient retirées du circuit.
« Le coût de l'abattage, qui se chiffre à 9 000 € pour mes 18 000 bêtes, devrait aussi être remboursé mais je dois avancer cette somme, précise Bernard Chanet. Ce retrait s'avère la moins mauvaise solution. Les indemnités limitent les dégâts pour ce lot, mais nous sommes inquiets pour l'avenir. Qu'en sera-t-il si le poulailler reste vide pendant six mois ? »
Aides aux producteursLe ministère de l'Agriculture assure que les aviculteurs recevront dès la semaine prochaine un acompte sur l'aide destinée à compenser l'allongement des vides sanitaires (voir critères d'obtention en page 62). Les éleveurs trouveront les formulaires de demande d'aide, selon les départements, en mairie, dans les DDAF ou auprès de leur organisation de producteurs. Le ministère prépare également une nouvelle circulaire concernant les indemnisations pour les productions sous signe de qualité, destinées à compenser le confinement obligatoire des volailles. Mais il n'y aura pas de rallonge financière. |
Modalités de calcul de l'aide Le calcul de l'aide est totalement déconcentré.
Le ministère se contente de donner des bases de calcul. Ainsi, il précise que l'aide doit être calculée en prenant en compte les aspects financiers, économiques, techniques et sociaux de chaque exploitation, avec une attention spéciale portée à la baisse du chiffre d'affaires. Elle ne doit en aucun cas être directement liée au volume de la production, et aucune surcompensation n'est possible. Il faudra également tenir compte du degré de spécialisation avicole de l'exploitation, des éventuels revenus extérieurs et de la durée de la période de difficultés de l'exploitation. Les régions se fonderont également sur la perte en marge brute par m² et par semaine pour certaines espèces (lire encadré). Pour les autres, et notamment les reproducteurs, ce calcul pourra se faire en partenariat avec les professionnels et au vu des documents comptables des élevages concernés.