«Après un mois de blocage, l'assouplissement des mesures de restriction à la commercialisation de nos volailles est une bouffée d'oxygène mentale, se réjouit Serge Janichon, aviculteur dans l'Ain et responsable professionnel. La pression médiatique s'allège un peu malgré le nouveau cas détecté chez un canard sauvage le 20 mars. Nous avons passé le cap de la remise en cause de notre métier. Mais après le soulagement, nous découvrons d'autres soucis : les plannings, si précis en aviculture, sont désorganisés. Mon élevage sera vide cette fin de semaine et la prochaine bande de canards ne sera là qu'au 15 juin dans le meilleur des cas, soit onze semaines de délai. L'addition économique se fait. Cela va être difficile financièrement, malgré les promesses. Nous espérons enfin toucher cette semaine les premières aides. »
Peu d'incidences
Le nouveau cas de grippe aviaire détecté dans le département « n'est pas étonnant », relativise pour sa part la direction des services vétérinaires (DSV). En effet, trente-trois cas d'oiseaux sauvages atteints par le H5N1 ont été recensés depuis mi-février dans l'Ain, et quinze lots sont encore en attente de résultats.
Le système est rodé : un nouveau périmètre de protection et de surveillance a été mis en place pour une durée de trois semaines autour de la commune de Divonne-les-Bains, où a été trouvé l'oiseau. « Mais il y aura très peu d'incidences, car il n'existe quasiment pas d'élevages de volailles dans cette zone, en tout cas pas d'élevage industriel, précise la DSV. De plus, ce périmètre se superpose en partie à ceux déjà existants. »
Cette découverte ne remet pas non plus en cause la levée des mesures de restriction à la vente des produits avicoles, appliquées dans la Dombes (Ain) depuis le 23 février. La viande fraîche et les oeufs produits dans un rayon de 10 kilomètres autour de l'élevage de dindes contaminé, sont de nouveau commercialisables en France et dans toute l'UE depuis le 18 mars. « Les périmètres de protection et de surveillance restent en place, mais les contraintes pour les éleveurs disparaissent », confirme la DSV. Seule exception, les oeufs fermiers, qui ne peuvent être vendus qu'à l'intérieur de cette zone. Si aucun autre élevage n'est contaminé d'ici le 27 mars, il sera possible d'installer de nouvelles bandes de poussins et de canetons. Les couvoirs de la zone pourront également expédier leur production dans toute la France.
L'UE tarde à prendre des mesuresLa Commission de Bruxelles a annoncé le 20 mars qu'elle envisage d'accorder des aides aux éleveurs de volailles touchés par la baisse de consommation. Face aux critiques de plusieurs Etats membres, Mariann Fischer Boel, la commissaire à l'agriculture, espère pouvoir « présenter ce qu'il sera possible de faire » lors du prochain conseil, à la fin d'avril. Jusqu'à présent, l'Union européenne s'est contentée d'augmenter les subventions à l'exportation. |