Benoît Jacquet, qui exploite 196 hectares à Epoye, dans la Marne, s'intéresse aux outils d'agriculture de précision depuis plus de dix ans. «La cartographie permet de mieux connaître mes parcelles et la précision dans les apports d'intrants m'aide à utiliser la bonne dose au bon endroit», explique-t-il. L'aventure commence par les reliquats azotés en 1994. En 1997-98, Benoît Jacquet effectue une formation sur les cartes de rendement, qui sera complétée par un voyage chez des farmers aux Etats-Unis. En 2000, il réalise ses premières cartes de rendement avec le système GPS Omnistar et le logiciel JDmap. En 2002, il passe au DGPS Star Fire II (plus précis) avec le logiciel JDprécis et s'équipe du Parallel Tracking pour jalonner correctement les parcelles et ainsi éviter les recroisements. En 2003, il achète un épandeur Kuhn en prévision d'une modulation des doses d'azote. En effet, cette année-là, Benoît Jacquet teste Farmstar qui permet, grâce à la télédétection, d'obtenir rapidement des préconisations de fumure azotée pour les blés (3e apport) et les colzas, avec une cartographie de modulation intraparcellaire de la dose.

Une manipulation simple

Mais, jusqu'en 2005, la modulation ne pouvait se faire que manuellement, en intervenant sur l'ouverture de l'épandeur et seulement si la parcelle était découpée en grandes zones bien distinctes. « Ce printemps, j'ai pu pour la première fois moduler automatiquement l'azote sur mes blés etmes colzas grâce àune solution récemment mise au point par le CDER (1) informatique. En appliquant une procédure relativement simple, je transfère les préconisations de fumure reçues par mail dans le logiciel Agrimap+ du CDER. Celui-ci traduit ces données en un format transférable sur une carte PCMCIA. Au moment d'épandre, j'introduis la carte dans le boîtier électronique du tracteur équipé d'une balise GPS. Le boîtier envoie alors des ordres à l'épandeur d'engrais afin d'apporter la dose préconisée à chaque point de la parcelle.»

Les doses épandues sont enregistrées sur la carte PCMCIA, puis transférées vers Agrimap+ qui mémorise toutes les interventions. « Il serait pratique d'avoir un boîtier universel plutôt qu'un par matériel, ce qui implique la présence de deux boîtiers et de fils dans la cabine du tracteur », remarque Benoît Jacquet à l'intention des constructeurs.

(1) Centre départemental d'économie rurale.

Depuis le 1er janvier 2006, CDER Informatique, racheté par le groupe Isagri, est devenue VitArea.

 

MODULATION AUTOMATIQUE

Les atouts

- Pas d'intervention manuelle sur l'épandeur.

- Apport d'azote très précis.

Les inconvénients

- La multiplication de certains passages pour moduler deux éléments ou plus (soufre et azote sur colza par exemple).

- La multiplication des boîtiers et des fils dans le tracteur.

 

 

Mesurer l'intérêt économique

Pour cette première année d'essai de la modulation automatique, l'objectif de Cohésis, la coopérative de Benoît Jacquet, est de mesurer l'impact de la technique sur la dose d'azote épandue à l'hectare, le rendement et la qualité de la récolte (taux de protéines pour le blé, richesse en huile pour le colza). Pour ce faire, les parcelles ont été découpées en bandes avec alternance de la modulation et d'un apport à la dose moyenne préconisée. Avec cette technique, Cohésis espère optimiser la marge brute de ses adhérents. « L'économie d'azote réalisée au troisième apport sur blé rentabilise déjà le coût de la prestation Farmstar (8 à 10¤€/ha) », souligne Benoît Jacquet.