Inconnu il y a trente ans, le ténébrion est devenu particulièrement nuisible dans les élevages de volailles. Il s’agit d’un petit coléoptère invasif d’origine tropicale introduit à la faveur d’échanges commerciaux. Dans les poulaillers, il retrouve son milieu d’origine. « Cet insecte aime l’obscurité, rapporte Nathalie Rousset, de l’Itavi. Il se nourrit de champignons ou de spores qui se développent dans la litière ou les résidus d’aliments. Les larves migrent vers les matériaux isolants pour réaliser leur nymphose et y creusent des galeries. L’adulte vit dans la litière mais, en cas de chute de température, il retourne dans l’isolant. »

Compte tenu des nuisances que le ténébrion génère, les enjeux économiques et sanitaires sont importants. L’ambiance du bâtiment est plus difficile à gérer après les dégâts causés sur l’isolation. Cette diminution de la résistance thermique entraîne un surcoût de chauffage. « Cela pose un réel problème de vieillissement prématuré des bâtiments, note Nathalie Rousset. Nous observons également une augmentation de la nervosité des animaux liée aux micromorsures, des retards de croissance ou encore des occlusions intestinales chez les poussins qui en consomment. » Le ténébrion peut aussi être vecteur de maladies, de virus et de bactéries. Les insecticides, qui restent le principal moyen de lutte, ont un coût élevé et peuvent induire l’apparition de résistances (lire l’encadré ci-contre).

Limiter la pullulation

Pour mieux lutter contre ce coléoptère, l’Itavi a mené une enquête dans cinquante élevages de poulets et trente de dindes, et réalisé des dénombrements d’insectes par piégeage. « Au regard de son mode de vie, nous en avons ressorti des leviers d’action », explique Nathalie Rousset.

Le sol bétonné limite fortement les possibilités d’accès à l’isolant. L’entretien des soubassements et des longs pans est essentiel pour empêcher les larves et les adultes d’y migrer. « D’où l’importance de soubassements lisses, avec une bonne étanchéité des jonctions. » Les pratiques permettant de limiter au maximum les sources de nourriture sont à privilégier.

« Pour la litière, il s’agit de choisir un matériau moins favorable au développement des champignons, comme les copeaux ou les cosses de sarrasin, avec des rajouts en cours de lot. » Le curage du lisier moins de 24 heures après l’enlèvement du lot permet de contenir la pullulation. De même, les élevages qui stockent la litière loin du bâtiment sont moins impactés. Le nettoyage des silos lors du vide sanitaire et la mise à disposition de l’aliment de démarrage le plus tard possible avant l’arrivée du lot semblent limiter l’infestation.

Isabelle Lejas