«L’Europe, c’est comme la bicyclette : si elle ne pédale pas, elle tombe », disait Jacques Delors lorsqu’il était président de la Commission européenne. Cette phrase a dû inspirer l’actuel collège des commissaires qui promet une année 2018, dernière de son mandat, plus chargée que jamais.
Alors qu’il avait fait de l’absence de propositions une marque de fabrique, l’exécutif européen compte mettre les bouchées doubles avant le Brexit prévu pour le 29 mars 2019 et les élections européennes qui auront lieu en mai de la même année.
Le 8 janvier à Bruxelles, les commissaires ont affiché leur volonté, non seulement de proposer, mais en plus de négocier et d’obtenir un accord en un temps record sur l’avenir du budget européen. Moins d’un an pour un processus qui en prend habituellement deux et demi, voire trois ! L’objectif d’accélérer les procédures est louable, alors que Bruxelles semble souvent piétiner sur des dossiers autrement moins importants. Toutefois, s’agissant du budget et des deux grandes politiques que sont la Pac et la Politique régionale, l’idée ne va pas sans poser des problèmes d’ordres politique et démocratique. Cela signifierait que des propositions faites par un collège européen en fin de mandat scelleraient l’avenir du budget européen jusqu’à la fin 2027 !
Non seulement l’Europe figerait dans le détail l’affectation de son budget à l’horizon de trois à dix ans. Mais, en plus, elle fixerait déjà le cadre de travail de la prochaine législature, avant même les élections de 2019. Les candidats à ces élections n’auraient d’autre fonction, une fois élus, que de superviser la mise en œuvre des décisions prises par les institutions actuelles. Le débat sur la refondation annoncé à l’échelle européenne à l’occasion des élections se résumerait à un débat théorique, dès lors que les décisions sur le nerf de la guerre – le budget – seraient prises, ainsi que les principales orientations politiques.
Il reviendra au Parlement et au Conseil européen de juger, dans les prochaines semaines, si cet agenda est raisonnable. Quoi qu’il en soit, dès novembre, les groupes politiques ont prévu de désigner leur candidat à la succession de l’actuel président de la Commission, Jean-Claude Juncker.