Thomas Lemercier, magasinier en concession agricole, fabrique des balayeuses sur son temps libre. Tout a commencé en 2020 lorsqu’il s’est rendu compte que son père et son frère dépensaient beaucoup de temps et d’énergie pour maintenir propre la cour de la ferme familiale. L’exploitation située à Fougerolles-Saint-Valbert en Haute-Saône compte 90 vaches laitières. Entre la distribution de la ration, l’éparpillement de la paille et le passage des engins, le sol est rapidement souillé.

« Avant de m’attaquer à la construction de la balayeuse, je me suis renseigné sur le prix d’un modèle neuf. Mais la moins chère que j’ai trouvée, certes, balayait sur une largeur de 2,10 m, mais elle ne ramassait pas et coûtait environ 2 500 € hors taxe », explique Thomas. Face à ce constat, il a décidé de la fabriquer lui-même.

« J’avais une vieille fourche à fumier John Deere de 1,90 m de largeur dans la cour. Toutes les dents n’étant plus utilisables et leur remplacement trop cher, j’ai décidé de m’en servir de base pour fabriquer la balayeuse. J’ai commencé par la nettoyer entièrement avec une brosse métallique sur visseuse pour éliminer tous les points de rouille. Ensuite, j’ai soudé des tôles de 8 mm afin de fabriquer les joues et le fond. »

Deux jours de fabrication

Une fois le bac de la balayeuse fabriqué, Thomas a acheté des éléments de balayage auprès d’un fabricant local. Il a ensuite lancé la création du support et de l’arbre du balai. Il a tout d’abord installé 36 éléments de balayage sur un tube carré. À l’extrémité de celui-ci, il a soudé une rondelle. Il l’a retravaillée avec un tour afin qu’elle s’insère dans le même axe que l’arbre du moteur. Les deux sont liés par un boulon de sécurité.

Il m’est déjà arrivé plusieurs fois de casser le boulon, mais je préfère ça que tordre un arbre ou pire, casser la machine. Les éléments de balayage font 5 cm de large, pour couvrir la largeur du godet. J’en ai pris 38 pour en avoir 2 supplémentaires. Ils m’ont coûté en tout environ 380 €. À cela, il faut rajouter l’acier pour 400 € et 300 € pour l’hydraulique (flexible et moteur).

La peinture et les paliers me sont revenus en tout à 80 €. « Il m’a fallu deux jours pour construire ce modèle, mais les suivants ne m’ont demandé qu’une journée de travail », précise Thomas. Il a sollicité un constructeur pour connaître la vitesse de rotation idéale de son balai, entre 60 et 120 tr/min. Toujours être parallèle au sol

«  Pour l’utilisation de ma balayeuse, j’ai la chance d’avoir un tracteur équipé d’un chargeur disposant de deux distributeurs double effet. Grâce à ça, je peux gérer le vérin de levage du balai et la vitesse de mon moteur hydraulique, sans modifier le circuit ou ajouter une électrovanne. La balayeuse s’utilise en marche arrière. Au début, je l’utilisais légèrement de biais par rapport au sol, mais ce n’était pas la bonne solution, car le chargeur forçait sur la brosse et l’usait prématurément. Depuis, je l’utilise le plus parallèle au sol possible», explique  l’inventeur.

Pour remédier définitivement à ce souci, Thomas va baisser la position du support de fixation du balai. Il a aussi prévu ajouter une lame d’usure en Hardox sur la partie inférieure avant du bac de récupération pour qu’il s’use moins vite. Après cette première balayeuse qui a servi de prototype, deux modèles supplémentaires ont été construits.

Il en a ainsi profité pour apporter des améliorations, par exemple en installant le moteur au-dessus du support afin que le mouvement soit transmis à la brosse par une chaîne. « En plus de réduire la largeur de la machine, cette modification sert à adapter la pignonnerie et ainsi avoir la vitesse de rotation souhaitée, quelle que soit la machine qui l’entraîne », souligne Thomas.