«Du 15 août au 15 septembre 2019, mes 40 vaches en fin de gestation ont pâturé 5 ha d’un mélange fermier (composé de sorgho multicoupe, de tournesol, de vesce, de pois, de moha, de millet et de maïs) implanté après la récolte du méteil », rapporte Cédric Pierre, à la tête de 115 limousines à Beaumont, en Corrèze. Ainsi, l’exploitant a pu repousser la date d’affouragement au champ alors que la sécheresse sévissait depuis le mois de juillet. « En moins de trois mois, et grâce à un orage de 100 mm tombé un mois après le semis, la culture a produit près de 8 t de MS/ha en 2019 en plus des 9 t de MS/ha récoltées en mai, souligne Maxime Lepeytre, de la chambre d’agriculture. Le couvert était haut et dense, les plantes occupaient différentes “strates” et certaines plantes mesuraient plus de 2 mètres. »
Des plantes appétantes
Même avec 2 t de MS/ha en 2020, Cédric Pierre estime que ce couvert reste intéressant. « En tenant compte de ce rendement limité, le coût de la tonne de matière sèche produite est d’environ 70 €, soit beaucoup moins que si j’avais dû acheter du foin. » Le 26 août 2020, un lot de vaches ayant de faibles besoins profitait encore de ce fourrage. Le pâturage est rationné et le fourrage est appétant lorsqu’il est « offert » à cette période, soit deux à trois mois après le semis. « Toutes les plantes sont consommées, y compris la panicule du tournesol, signale Maxime Lepeytre. Plus tard en septembre, en revanche, les animaux l’apprécient moins. » Cette pratique concentre par ailleurs une partie du troupeau sur des surfaces peu sensibles au piétinement des animaux. Cela permet de protéger les prairies dont la végétation est à l’arrêt à cette période.
Le duo « cultures d’été derrière méteil » a donc encore de belles années devant lui chez Cédric Pierre. Il constitue un pilier du système fourrager depuis que la Cuma, à laquelle adhère le jeune exploitant, s’est dotée d’un semoir de semis direct. Il supplante l’ensilage de maïs, dont les rendements sont affectés ces dernières années en raison du manque de pluie aux stades cruciaux du développement de la plante. « Mes terres sont séchantes, ajoute-t-il. Et comme je ne compte pas investir dans l’irrigation coûteuse, je préfère miser sur le méteil. »
Quelque 30 ha de méteil sont donc implantés chaque automne, dont 20 ha destinés à l’ensilage (récolte fin mai) et 10 ha pour le grain (récolte en juillet). Ce dernier est essentiellement destiné à l’engraissement des vaches pour la boucherie. Sur les 20 ha ensilés en mai, Cédric en a semé 5 ha en 2020 avec un mélange dédié aux stocks. Celui-ci comprenait du maïs (80 000 grains/ha), du sorgho BMR (80 000 graines/ha) et 3 kg/ha de vesce velue et du lablab. « En diversifiant la semence, je limite les échecs de rendements, explique Cédric Pierre. Je me dis qu’il y aura toujours une espèce adaptée aux conditions météo de l’année. »
Les mesures et les calculs réalisés par la chambre d’agriculture de Corrèze en 2019 montraient de bons résultats économiques pour ces cultures ensilées (voir le tableau ci-dessus). Les couverts pâturés restent sans surprise les moins coûteux, avec une avance pour le mélange multi-espèces par rapport au sorgho multicoupes ou au duo moha-trèfle. Tous ont un coût très inférieur à ceux d’un fourrage acheté. En 2020, des mesures des valeurs alimentaires sont en cours d’analyse pour comparer plus finement les cultures mises en place.
« Avec un chargement d’environ 1,5 UGB/ha, j’ai besoin de stocks conséquents, je vais donc continuer d’explorer les possibilités de production avec des couverts économes », assure Cédric Pierre.