Gilbert Barnachon cultive des terres de limon argileux, tout près de Lyon, dans le département du Rhône, depuis 1986. « Sur ces sols sensibles à la battance, légèrement en pente, je constatais régulièrement des problèmes de ruissellement », se souvient l’agriculteur. Son exploitation, basée sur la commune de Communay, a toujours été centrée autour du maïs grain. Il cultive aujourd’hui 80 ha dont 25 ha de maïs.
Il y a une quinzaine d’années, il décide de tester sur certaines parcelles des techniques de travail simplifié du sol. « Je voulais essayer de concentrer la matière organique en surface pour limiter ces problèmes de battance », explique-t-il. Très vite, il s’intéresse plus particulièrement à l’agriculture de conservation dont l’objectif vise à maintenir et à améliorer le potentiel agronomique des sols, tout en conservant une production régulière et performante sur les plans technique et économique. « Cela repose sur trois grands principes : le non-travail du sol, l’allongement des rotations culturales et l’utilisation de couverts », explique le céréalier. Mais il avoue que passer de l’agriculture avec labour à l’agriculture de conservation « nécessite une période de transition. Le sol doit s’adapter et l’agriculteur apprendre à maîtriser ces techniques, d’autant plus qu’il existe encore peu de références à ce sujet. » Utilisées au départ sur ses parcelles non irriguées (45 ha), ces techniques sont pratiquées par Gilbert sur l’ensemble de ses surfaces. « Quand j’ai décidé d’arrêter de labourer mes parcelles, j’ai dû modifier mes pratiques culturales, en commençant par allonger ma rotation », explique le céréalier. En surfaces irriguées, trois cultures différentes se succèdent désormais sur quatre ans : blé, colza et maïs deux années consécutives. En surfaces non irriguées, la rotation est construite sur cinq ans : blé -colza -blé-maïs -maïs.
Une couverture permanente des sols
« J’ai également introduit en interculture, un mélange de féverole et de sorgho fourrager, respectivement sur une base de 100 kg/ha et 10 kg/ha. Selon les années, je peux également ajouter de la vesce à ce mélange. Mon objectif est d’essayer d’avoir un rendement de l’ordre de 3 t de MS /ha. » Le producteur préfère rester sur un mélange simple avec peu d’espèces. « C’est plus facile à gérer et, selon moi, plus efficace en termes de production d’azote dans le sol. »
En interculture longue, le couvert est implanté en été en semis direct, puis détruit au printemps, soit par le gel ou par un passage au glyphosate. Entre deux maïs, le mélange est semé à l’automne, puis détruit juste après le semis du deuxième maïs.
Après de nombreuses années sans travail du sol, Gilbert a fait le choix en 2012 de passer au strip-till, acheté en Cuma. « Cette technique m’est apparue très intéressante, notamment pour mes cultures de maïs et colza, sensibles à la qualité d’implantation. En pratiquant un travail du sol peu profond sur le rang à semer, j’ai observé un réchauffement plus rapide du lit de semences et un meilleur développement de la plante. Mais cette pratique nécessite une certaine technicité. Il faut savoir être patient pour intervenir quand les conditions sont favorables. Le sol ne doit être ni trop sec, ni trop humide. »
De bons rendements
Après plusieurs années de recul, Gilbert se dit très satisfait de ses choix. « La vie de mon sol s’est nettement améliorée. On y trouve beaucoup plus de vers de terre. Il est devenu plus poreux. Je n’ai plus de problèmes de ruissellement. »
Côté rendements, les résultats sont aussi concluants. « En 2014, année plutôt pluvieuse, pour une même variété, j’ai comparé mes rendements obtenus sur une parcelle de maïs, semée à 85 000 graines/ha, irriguée quatre fois, et fumée à 180 unités d’azote avec une parcelle non irriguée, semée à 70 000 graines/ha et fumée à 60 unités d’azote. Les deux affichaient le même rendement : 120 q/ha ! Je ne dis pas que cette situation est systématiquement reproductible. L’année suivante, par exemple, mes rendements en maïs non irrigués n’ont pas dépassé les 35 q/ha à cause de la sécheresse. Cela confirme juste qu’il est possible d’avoir de bons résultats en agriculture de conservation et que les couverts végétaux jouent un rôle déterminant dans l’apport d’azote. »
Cette année, Gilbert espère atteindre les 120 q/ha en surfaces irriguées et les 80 q/ha en non irriguées. « Mes parcelles sont très hétérogènes. Sur une d’entre elles, mes semis n’ont pas levé à cause du printemps trop humide. J’ai également eu beaucoup d’attaques de limaces. »