«Je ne cherche pas à produire le maximum de lait par vache, mais à optimiser ma marge, explique Bernard Eychenne, éleveur laitier à La Bastide-de-Sérou, en Ariège. Pour cela, j’utilise au mieux toutes les surfaces, y compris les prairies éloignées. »

En hiver, la ration complète se compose de 12 kg d’ensilage de maïs, 3 kg d’ensilage de méteil, 0,9 kg de foin, 2 kg d’orge et 4 kg de tourteau de soja, pour une production de 30 litres par jour. « Le maïs ensilage apporte de l’énergie en début de lactation », explique l’éleveur.

La plupart des vêlages sont calés sur les mois d’août, septembre et octobre. Dès le mois de mars, le pâturage intègre la ration. Bernard réserve aux montbéliardes 8 hectares de ray-grass hybride et trèfle blanc, groupés autour de la stabulation. Son objectif est de sortir le troupeau tôt dans la saison, pour éviter d’être ensuite dépassé par la pousse de l’herbe. « Cette année, les vaches étaient dehors au 13 mars, raconte-t-il. L’herbe faisait déjà 7 à 8 cm de haut dans quelques parcelles. En début de saison, il y a encore peu d’herbe. Je divise les parcelles en paddocks de 1 hectare, et je n’y laisse les vaches qu’une journée, pour éviter qu’elles piétinent le sol, souvent humide à cette période. » Ces premiers paddocks, consommés rapidement, se décalent des autres, ce qui facilite ensuite la gestion du pâturage tournant.

De l’herbe jeune

Durant trois à quatre semaines, Bernard diminue progressivement les quantités d’ensilage, distribué une fois par jour, après la traite du soir. « Il faut arriver à évaluer ce que les vaches ont mangé dehors, pour ajuster les quantités distribuées, c’est le plus délicat », note-t-il. Les laitières restent la nuit en stabulation. Vers la mi-avril, l’éleveur ferme le silo. Les vaches, qui sont alors à 230 jours de lactation en moyenne, ne reçoivent plus que 1 à 2 kg de maïs grain humide broyé. « Je le stocke en big bag de 800 kg, poursuit-il. J’apporte ainsi du maïs sans avoir à gérer l’avancement d’un silo. » Après la traite du soir, les laitières ressortent au pré. « J’économise ainsi de la paille. Et avec des parcelles groupées, les déplacements ne prennent qu’une demi-heure par jour. »

En pleine saison de pâturage, les vaches restent deux à trois jours dans chaque paddock. « J’ajuste la surface en fonction de la pousse, pour qu’elles aient toujours de l’herbe jeune, Si je risque de me faire dépasser, je sors une parcelle du pâturage tournant et je la fauche tant qu’elle est au bon stade », précise-t-il.

Des prairies permanentes complètent la rotation, de façon à revenir toutes les trois semaines dans chaque bloc. « Elles n’ont pas la même valeur alimentaire que les prairies temporaires, reconnaît l’éleveur. Je perds sans doute un peu de volume de lait, mais cela reste limité, car les vaches sont déjà bien avancées dans leur lactation. Et je valorise toute l’herbe ».

En juillet, lorsque la pousse ralentit, Bernard ouvre un petit silo de maïs pour distribuer de l’ensilage après la traite du soir, quand les vaches sont bloquées au cornadis. La quantité est ajustée à la consommation estimée d’herbe. « J’ajoute un peu de VL 3 l pour les fraîches vêlées, selon leur niveau de production. » L’an dernier, sur les conseils de Patrick Béral, de la chambre d’agriculture, il a porté la quantité à 2-3 kg par vache.

De plus, les pluies ont dopé la pousse de l’herbe en fin d’été. « Les vaches ont mieux exprimé leur potentiel : la production est montée à 7 830 l/VL, contre 7 600 l l’année précédente, ajoute l’éleveur. C’est positif, mais je ne veux pas aller plus loin sur le concentré. J’en donne déjà 1 500 kg/VL pour un coût de 312 €/t, car je tiens à ce qu’elles mangent toute l’herbe disponible dehors. »

Valoriser les prairies éloignées

Les génisses, allotées selon leur âge, sont sur 10 à 15 hectares de prairies éloignées. Les vaches taries au cours de l’été les y rejoignent. Tous les tarissements ont lieu entre avril et novembre, pendant la période de pâturage, afin d’exploiter au mieux ces surfaces. Bernard évite aussi d’avoir à gérer un lot de taries l’hiver, en stabulation.

Pour mieux valoriser son lait, l’éleveur a choisi de le livrer une fromagerie artisanale qui travaille en lait cru. « Je ne pousse pas les volumes, mais je soigne les taux, en choisissant des taureaux améliorateurs sur ce critère », confie-t-il. En 2014-2015, Bernard a obtenu un TB moyen de 42,7 g/kg et un TP de 34,3 g/kg. « La qualité sanitaire doit être excellente, souligne-t-il. Je vends les vaches qui ont trop de staphylocoques comme nourrices, à environ 1 200 euros. Je les valorise ainsi mieux qu’en les réformant. »