Au Gaec Degroote-Willier, collecter des informations, analyser et mesurer, c’est rentable. « Grâce à notre dernière analyse d’ensilage d’herbe, qui date du 23 février, je mets 40 kg de concentré azoté en moins chaque jour dans la mélangeuse, pour la ration de base des laitières », illustre Damien Degroote, installé avec son frère Laurent et sa mère Chantal. Les trois éleveurs possèdent un troupeau de 90 vaches laitières, des cultures et un atelier de poulets label. Le père, Stéphane, est quant à lui salarié du Gaec. Quel est le point commun à toute la famille ? La précision !

Pour l’alimentation, rien n’est laissé au hasard. Tout comme l’ensilage d’herbe, celui de maïs est analysé régulièrement. C’est important car les caractéristiques du silo évoluent au cours du temps et avec l’enchaînement de parcelles différentes, ou des coupes successives dans le cas de l’herbe. « Le Gaec a choisi le forfait d’analyse illimité », précise Benoît Verriele, le conseiller d’Avenir Conseil Élevage qui les accompagne dans cette démarche. L’objectif, qui n’est pas encore tout à fait atteint, est de réaliser une analyse tous les deux mois, à chaque passage de l’agent de pesée. » Pour l’azote, les mesures sur les fourrages sont complémentaires aux analyses du taux d’urée du lait. C’est la combinaison des deux qui a récemment permis d’ajuster à la baisse la consommation de concentrés.

 Peser tous les aliments 

En connaissant précisément la composition de leurs fourrages, les éleveurs peuvent équilibrer finement la ration de base. C’est Damien qui la prépare tous les matins à l’aide de la mélangeuse. Il en pèse tous les ingrédients, pour obtenir la ration qu’il distribue ensuite aux vaches laitières. Pour exprimer leur potentiel, les plus productives reçoivent un complément au distributeur automatique de concentré (Dac). En fonction du volume produit, chacune bénéficie d’une quantité personnalisée de complément (voir ci-dessus). D’autres critères, comme le statut primipare/multipare ou le pic de lactation, sont également pris en compte. « Pour détecter une éventuelle acétonémie, nous réalisons des analyses du lait sur les animaux à risque, c’est-à-dire les vaches fraîchement vêlées entre 0 et 100 jours », détaille Benoît Verriele. Ainsi, l’éventuel déficit énergétique peut être corrigé.

La mélangeuse sert également à peser la ration des génisses (corn gluten feed, enrubanné, foin et paille) et des taries (maïs, foin, paille et soja-colza), préparée tous les deux jours.

Avec sa stratégie d’optimisation alimentaire, le Gaec produit un volume de lait en nette augmentation (plus 180 000 l en deux ans), pour un coût alimentaire de 102 €/1000 l (contre 119 €, il y a deux ans). Il est inférieur à la moyenne du groupe d’Avenir Conseil Élevage rassemblant les fermes à plus de 10 000 l/vache, qui s’établit à 120 €/1 000 l.

 Bon état de santé 

Mais ce n’est pas la seule finalité. Le calibrage de la ration aux besoins de chaque vache permet aussi de maintenir un bon état corporel des animaux, et une bonne santé globale du troupeau. Les résultats de reproduction sont satisfaisants : 40 % de réussite à la première insémination, contre 35 % pour l’ensemble des adhérents d’Avenir Conseil Elevage. Ajouté à un taux de mortalité des veaux de 5 % (contre 14 % pour l’ensemble des adhérents) et un sex-ratio favorable, le Gaec affiche un taux de renouvellement potentiel de 49 % cette année, alors qu’il vise 35 %.

Avec un nombre important de génisses disponibles, les éleveurs se passent aujourd’hui de semence sexée. Le bâtiment et le tank arrivant à saturation, ils pourront même vendre plusieurs génisses.

Mais les résultats de test n’apportent pas toujours de bonnes nouvelles. Laurent vient d’apprendre que neuf de ses vaches sont hautes en cellules. C’est davantage que d’habitude. « Les analyses régulières permettent aussi d’éviter les dérapages, car on peut réagir vite.  » Instantanément, les trois éleveurs envisagent les causes et les solutions à apporter. « C’est peut-être le manque de paille dans le nouveau bâtiment, on peut essayer d’en mettre plus », propose l’un. « On peut aussi tondre leur queue, elles seront moins sales », ajoute Chantal. « Les manchons de la machine à traire sont usés. Cela peut venir de ça, nous allons les changer », recommande le dernier.