Un haut niveau de production réalisé avec une ration à base de méteil, d’ensilage de maïs, de maïs épi et avec une quantité de concentrés limitée : telle est la stratégie alimentaire de l’EARL Caradec. « Notre objectif est d’avoir des sources de fourrages diversifiées. Maïs et méteil sont deux aliments complémentaires pour une ration efficace », affirme Erwan, associé avec son frère François. Ce régime autorise un niveau de production de 30 à 32 kg de lait par vache et par jour.
De début novembre à fin mars, les laitières reçoivent à l’auge 8 kg de matière sèche (MS) d’ensilage de maïs, 6 kg de MS de méteil, 2 kg de MS de luzerne, 2 kg de MS de maïs épi, ainsi que 0,7 kg de paille et 1,5 kg de tourteau de colza. Une complémentation individuelle est apportée au robot. Elle s’élève en moyenne à 1,5 kg d’orge bouchon et 1,5 kg de concentré de production tanné. Fin mars, quand les animaux commencent à pâturer, la ration est identique, mais les quantités sont diminuées de 40 %. Seule exception, le maïs épi, dont la quantité est stable afin de maintenir un bon niveau énergétique. « Quand l’herbe commence à diminuer, vers mi-juin, je relève les quantités distribuées », précise Erwan. Tous les aliments sont pesés, et la ration est distribuée une seule fois par jour, à 18 h pour éviter les étourneaux, à l’aide d’une mélangeuse à pales.
Du méteil dans la luzerne
Le méteil n’est pas une nouveauté sur l’exploitation. « Nos parents, déjà en recherche d’autonomie, ont commencé à l’utiliser en 1985 pour apporter des protéines », souligne Erwan. Depuis, ils n’ont jamais cessé d’en cultiver. En revanche, ils ont fait évoluer les mélanges au fil du temps. « Certains ne peuvent pas être récoltés trop tard pour cause de verse. Je me suis rendu compte que la féverole est indispensable. Elle apporte beaucoup d’azote et sert de tuteur aux autres plantes. Son principal inconvénient est le risque de maladies lors des années humides. »
Depuis plusieurs années, il implante 42 ha de trois méteils différents.
Le 1er mélange comprend 100 kg de féverole, 60 kg de pois fourrager, 22 kg de vesce et 30 kg d’avoine noire. Il est semé à l’automne en semis direct dans une luzernière en place depuis neuf ans. « Cela évite le salissement de la luzerne à l’automne. » Le méteil est ensilé mi-mai pour un rendement de 8 à 9 t de MS/ha, avec des taux de protéines qui peuvent monter à 20-22 % grâce à la présence de la luzerne. La récolte est suivie de trois fauches de luzerne pour un total de 10 à 11 t de MS. Les deux premières (22 % de MAT) sont récoltées en foin et la 3e (28 % de MAT) en enrubannage.
Le 2e mélange est constitué de 80 kg de féverole, 40 kg de pois, 10 à 12 kg de vesce et 60 kg d’avoine noire. Il est fauché en même temps que le premier mélange pour un rendement de 8 à 9 t de MS à 16 à 18 % de MAT. Riche en féverole, il est suivi d’une culture de maïs. « L’an passé, nous avons semé un maïs précoce au 4 juin, et obtenu un rendement moyen de 15 t de MS », précise Erwan.
Le 3e mélange est implanté avant une culture de haricots. Destiné aux génisses, il est plus énergétique, avec moins de légumineuses et davantage de graminées. Il est récolté plus tardivement, autour du 25 juin, au stade pâteux des grains. Il est composé de 100 kg de triticale, 80 kg d’avoine, 80 kg de féverole, 40 kg de pois, et seulement 8 à 10 kg de vesce pour éviter la verse, « car au mois de juin, nous avons souvent du crachin et du vent, précise l’éleveur. L’an passé, il a fait 15,7 t de MS à 14,7 % de MAT ».
Ces bons rendements s’expliquent par le taux élevé de matière organique du sol (5,4 %). C’est aussi le fruit de vingt ans de semis direct, associé à une pluviométrie de 1 200 mm par an. La technique de double culture contribue à des rendements élevés à l’hectare.
Grâce à cet ensemble de fourrages, l’autonomie en protéines de l’élevage est accrue, et le coût alimentaire est réduit. Il s’établit autour de 101 €/1 000 l, dont 28 €/1 000 l de coût fourrager et 73 €/1 000 l de coût de concentrés. En comparaison, il est de 126 €/1 000 l en moyenne dans une exploitation laitière finistérienne, selon Cogedis. « Nous sommes à 170 g de concentré par litre de lait en hiver, et à 120 gr/l au printemps. » La ration équilibrée contribue également à limiter les problèmes métaboliques sur le troupeau, avec des frais vétérinaires qui oscillent entre 11 et 12 €/1 000 l. Les résultats de reproduction sont satisfaisants (réussite en 1re IA à 58 % et 1,6 à 1,7 dose par IA fécondante). Le taux de renouvellement de 26 % confirme que les vaches vieillissent bien.
« Notre attention va désormais se porter sur le pâturage pour mieux le valoriser, conclut Erwan. L’objectif est d’aller vers des mélanges plus diversifiés, avec différents trèfles, ray-grass et fétuque. »