Après une expérience de sept ans comme technicien d’insémination, Frédéric Ramel s’est installé sur l’exploitation familiale en 2011. Dès lors, la pratique de l’insémination par l’éleveur (IPE) sonnait comme une évidence. Le troupeau laitier est en majorité composé de vaches de race simmental. « C’est une tradition familiale, confie Frédéric. Mais étant en indication géographique protégée (IGP) tomme de Savoie, nous avons également une trentaine de montbéliardes, afin de respecter le cahier des charges. » Comme la plupart des éleveurs de simmental (lire l’encadré), les parents de Frédéric possédaient déjà une cuve d’azote liquide pour la conservation de semences de taureaux. Un investissement que Frédéric n’a donc pas eu à faire. L’éleveur estime le coût d’une cuve neuve entre 500 et 600 €, auxquels il convient d’ajouter des frais d’entretien. « C’est ma coopérative d’insémination qui s’en charge, affirme l’éleveur. J’ai un forfait d’entretien annuel de 300 €. Il s’agit notamment de refaire le niveau d’azote liquide pour maintenir de bonnes conditions de conservation des doses. »
Organisation du travail
Sur les cinq associés que compte l’exploitation, ils sont désormais deux à pratiquer l’IPE. « Mon beau-frère Damien s’est également formé à l’insémination artificielle (IA). Il est indispensable d’être au moins deux à réaliser le geste, afin de pouvoir se remplacer et avoir du temps libre », estime Frédéric. Pour la détection des chaleurs, les vaches sont équipées de podomètres qui mesurent leur activité 24 h/24. Outre l’observation quotidienne de ses animaux, Frédéric consulte après chaque traite les données enregistrées par les podomètres sur l’ordinateur de l’élevage. « Quand une vache est vue en chaleur lors de la traite du soir, je l’insémine après la traite du lendemain matin, et vice-versa. Je garde un intervalle moyen de douze heures entre la détection de la chaleur et l’insémination ». Pour réaliser le geste, l’éleveur bloque les vaches au cornadis. « Il faut en moyenne un quart d’heure par insémination, en additionnant le temps de manipulation de la vache et la réalisation de l’IA. » Pour les échographies, Frédéric fait appel à sa coopérative d’insémination. « Je réalise un suivi très régulier, dès 30 jours post-partum, puis 30 jours après l’insémination. Le technicien d’échographie passe toutes les deux semaines en hiver, et toutes les trois semaines en été. C’est un investissement nécessaire pour maintenir de bons résultats. Plus tôt on détecte une vache non gestante, et plus vite on peut réagir. » Les résultats techniques sont au rendez-vous. Pour l’année 2016, l’intervalle entre deux vêlages est de 366 jours. Sur l’élevage, le poste reproduction s’élève à 70 € par vache, dont 35 € de semences.
Avec sa coopérative d’insémination, Frédéric réalise trois fois par an les plans d’accouplement pour les vaches laitières et les génisses de renouvellement. « Nous passons en revue tous les animaux à inséminer sur la période, et choisissons pour chacun le taureau le plus adapté. J’accorde beaucoup d’importance à la santé de la mamelle et aux aplombs ».
Diversité génétique
C’est à partir de ces plans d’accouplement que Frédéric réalise les commandes de semences. L’éleveur s’attache à maintenir une bonne diversité génétique au sein de son troupeau (voir infographie). « Je n’achète jamais de grandes quantités de doses d’un seul et même taureau. Aujourd’hui, les index sortent fréquemment et les valeurs peuvent vite évoluer de manière défavorable. Alors, mieux vaut ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier ! » Avant chaque commande, Frédéric met un point d’orgue à utiliser toutes ses doses en stock. « On peut vite être tenté par de nouveaux taureaux et accumuler une quantité importante de doses à la ferme. Il faut veiller à ne pas se laisser dépasser. » L’éleveur insémine la moitié de ses génisses en semence sexée et toutes les vaches en semence conventionnelle. La simmental étant une race mixte, il ne réalise pas de croisement industriel. « L’an dernier, les veaux mâles ont été vendus 192 € en moyenne », commente Frédéric.
Aujourd’hui, les associés du Gaec familial sont satisfaits de cette organisation du poste reproduction. « Inséminer nous-mêmes nous laisse plus de possibilités pour choisir nos taureaux. » En passionné de génétique, Frédéric cultive un réel plaisir à piloter la reproduction sur l’élevage. « Cela donne tout son sens à mon métier d’éleveur ! » conclut-il.