Au Gaec des Oiseaux, l’objectif est d’ajuster les intrants pour optimiser les marges, tout en utilisant des outils qui facilitent le pilotage des apports. Cet été, sur un des six pivots qui irriguent leur maïs semence, Boris Rouquet et ses deux associés, Bernard et Brigitte Mir, ont ainsi installé un module Fieldnet. Ce dernier permet de commander à distance le sens et la vitesse de rotation du pivot, la dose d’eau et la position d’arrêt.
« Durant l’été, nous sommes mobilisés par la castration. J’ai apprécié de programmer ce pivot de chez moi, le soir, sans avoir à revenir dans la parcelle, en accédant aux commandes sur mon smartphone », souligne Boris. L’exploitant a, par exemple, prévu la position d’arrêt du pivot dans la nuit, pour laisser libre la zone à castrer le lendemain. « Cela facilite le démarrage du chantier le matin », note-t-il. En différenciant les doses entre deux zones du cercle correspondant à des dates de semis et à des développements végétatifs différents, il a mieux ajusté les apports aux besoins.
Pour évaluer finement les apports à faire, le Gaec utilise l’outil d’aide à la décision Irré-LIS, d’Arvalis. « Nous sommes équipés d’une station météo, qui enregistre la pluviométrie locale. Nous rentrons ces données dans le logiciel, ainsi que le niveau de la réserve en eau utile du sol et les apports déjà réalisés. Le logiciel calcule alors le déficit hydrique et indique, en fonction du stade du maïs semence, quand et combien il faut apporter d’eau », détaille Boris.
De l’eau mieux utilisée
Pour piloter l’irrigation du maïs et du soja, les associés ont également équipé 40 ha de couverture intégrale avec des vannes programmables. « Ainsi, nous ne sommes pas obligés de nous déplacer dans chaque parcelle pour arrêter l’eau, c’est un gain de temps. De plus, cela permet de fractionner plus facilement les apports. Avec des doses réduites, l’eau est mieux absorbée, il y a moins de ruissellement », constate-t-il.
Ces économies d’eau ont aidé le Gaec à faire face aux restrictions. « Cet été, dès le 19 juin, nous n’avons pu irriguer qu’un jour sur quatre », poursuit Boris. En pilotant finement, les associés ont optimisé l’utilisation de l’eau, ce qui a contribué au maintien des rendements, « favorisés aussi par des pluies plus fréquentes que d’habitude ».
Depuis trois ans, l’agriculteur ajuste les apports d’azote grâce au service Cérélia-Géosys, proposé par sa coopérative, Arterris. « Pour le blé dur et le colza, je reçois des cartes de préconisations, que je transfère avec une carte USB sur la console du tracteur », explique-t-il. Celle-ci module ensuite les apports à l’intérieur de chaque parcelle, en fonction des indications de la carte. « Nous étions déjà équipés pour le guidage RTK, avec une barre d’autoguidage et une console qui permet la lecture des cartes. Il n’y a eu qu’à rajouter un câble entre la console et l’épandeur », précise Boris.
En ajustant les doses, les associés font des économies. « En blé dur, par exemple, notre plan de fumure prévoyait 160 unités par hectare. En modulant, nous avons amené 180 U/ha dans des zones à fort potentiel et moins de 100 U/ha dans d’autres », précise t-il. La moyenne s’est établie à 135 U/ha. « Ces économies payent l’abonnement annuel au service, de 15 €/ha. L’azote est mieux utilisé. Dans toutes les parcelles, le rendement et la qualité sont plus homogènes. »
Moins de phytos
Avec la réduction des traitements entreprise depuis quinze ans, Boris a réalisé des économies significatives. « J’ai divisé les IFT (1) par deux, et la facture de produits aussi », souligne-t-il. Pour y parvenir, l’exploitant adapte le pH de l’eau à la matière active grâce à un adoucisseur, et réduit le volume de bouillie à 50 l/ha, pour concentrer le produit. « En intervenant dans des conditions favorables, j’arrive ainsi à diminuer les doses de 50 %, tout en conservant une bonne efficacité. »
Ces économies de phytos ont aidé les associés à investir dans l’autoguidage, qui réduit la fatigue lors de la conduite. « Il est plus facile d’enchaîner les heures avec la désherbineuse, par exemple », note Boris. Avec celle-ci, ils ne désherbent plus le maïs qu’une seule fois en plein, en prélevée. Ensuite, ils traitent seulement le rang, soit 25 % de la surface, le reste étant biné.
En 2018, le Gaec prévoit d’équiper les cinq pivots restants d’un module Fieldnet. « Nous devrions bénéficier de 40 % d’aides de l’agence de l’eau sur le coût, qui est de 2 500 € par pivot, poursuit-il. Nous aurons alors optimisé notre système en ajustant au mieux les intrants. C’est un atout pour résister à la baisse des cours. Mais ensuite, nous allons lever le pied sur les investissements. La conjoncture est incertaine, nous préférons rester prudents. »
(1) Indicateur de fréquence detraitement.