«Nous ne relâchons jamais nos efforts pour la qualité du lait ! », lancent Yannick Houssin et Olivier Hervy, éleveurs à Mernel, en Ille-et-Vilaine. Alors que la concentration cellulaire moyenne de leur troupeau de vaches laitières dépassait rarement 150 000 cellules/ml, le passage en traite robotisée en 2014 a, dans un premier temps, fragilisé cette situation saine. « Nous avons mis en route les robots au mois de juin, se souvient Yannick. Avec le recul, nous pouvons dire que ce n’était pas un bon choix. En période estivale, les vaches souffrent des fortes températures et se regroupent sous les arbres au pâturage. Cela a favorisé l’augmentation des comptages cellulaires, en plus du stress lié au changement de système de traite. »
Trois mois plus tard, les associés équipent leur bâtiment de huit ventilateurs munis de brumisateurs et reliés à une sonde de température. « Les vaches étant davantage présentes dans la stabulation, il était nécessaire d’améliorer l’ambiance, pour limiter leur fatigue, soulignent les éleveurs. Ce dispositif a également permis de diminuer la présence de mouches, qui sont des vecteurs de mammites d’été. »
Quant à l’hygiène de traite, la méthode de désinfection des manchons trayeurs a été modifiée. « Au départ, les robots étaient équipés d’un système à vapeur d’eau, que nous avons jugé peu efficace pour prévenir la transmission de germes. Nous utilisons aujourd’hui une solution à base de peroxyde d’hydrogène, dont nous contrôlons la concentration à l’aide de bandelettes colorimétriques. »
Les robots sont lavés quatre fois par jour
À la suite des lésions et des hyperkératoses observées sur les trayons, Yannick et Olivier ont abaissé la temporisation en fin de traite. « Il s’agit du délai entre la détection du seuil de dépose et le retrait du faisceau trayeur, précise Yannick. Nous avons ainsi réduit de deux tiers les lésions sur les trayons. »
Au-delà des conditions de traite, les éleveurs ne lésinent pas sur le nettoyage des robots. « Ils sont lavés quatre fois par jour, à l’aide d’un jet d’eau équipé d’un surpresseur, indique Olivier. De plus, nous les passons, deux fois par semaine, au nettoyeur à haute pression. » Même exigence concernant la propreté du couchage : « Les logettes sont raclées une fois par jour. Et lorsque nous circulons au milieu de nos vaches, environ cinq fois par jour, nous ébousons les logettes sales à l’aide d’une raclette. »
Courants parasites
Malgré la constance de leurs efforts, les exploitants ont accusé une nette remontée des niveaux cellulaires à l’hiver 2017. « Nous observions des vaches agitées et gênées dans les robots, mais nous ne trouvions pas d’explication. »
Sur l’avis de leur conseiller d’élevage, le tandem fait appel à un géobiologue en mars 2018. Le constat est sans appel. « Les prises de terre de notre clôture électrique et de la stabulation étaient trop proches, distantes de seulement onze mètres, explique Yannick. En conséquence, du courant électrique remontait dans le bâtiment par les racleurs, mais aussi dans les tubulaires des robots. »
Deux jours seulement après le diagnostic, les éleveurs engagent des travaux. « Nous avons fait creuser des tranchées, afin d’éloigner les prises de terre de la clôture et du bâtiment. Elles se trouvent désormais à trente mètres. Les comptages cellulaires ont rapidement diminué ! » (voir l’infographie)
Si la situation est progressivement revenue à la normale, Yannick et Olivier maintiennent une stratégie sécuritaire, pour remédier à d’éventuelles remontées des comptages cellulaires, à commencer par le renouvellement. « Nous maintenons 40 % de primipares dans le troupeau en lactation. Cela nous permet de réformer les vaches posant des problèmes de cellules, mais aussi de vendre des animaux sains en lactation. »
Lors du tarissement, les éleveurs utilisent des obturateurs de trayons, ainsi qu’un traitement antibiotique pour les vaches dont le comptage cellulaire individuel (CCI) dépasse 300 000 cellules/ml. Une complémentation en oligo-éléments et en vitamines est également apportée. « Nous obtenons un taux de guérison (1) de 92 % après la période sèche », se félicitent Yannick et Olivier.
(1) Nombre de vaches ayant un CCI supérieur à 300 000 cellules avant tarissement, et inférieur à cette valeur après le vêlage.