En cinq ans, avec le même nombre de vaches, la production laitière de l’EARL du Petit Ramard est passée de 353 000 à 450 000 litres par an.
Ce gain de productivité n’est pas le fruit du hasard. Quand ils se sont installés en 2013 en rachetant une ferme à Condrieu, dans le Rhône, Quentin Velut et son oncle Marc Bouchet ont fait le pari de la « productivité maîtrisée ». « Après avoir passé un an et demi en Nouvelle-Zélande dans une exploitation laitière de 1 650 vaches, avec une production moyenne de 4 500 litres, j’avais très envie de “faire du lait” et de travailler la génétique. En visitant cette ferme à Condrieu, j’ai tout de suite vu que le cheptel avait un réel potentiel laitier et que l’on pourrait obtenir de bons résultats techniques », explique Quentin.
Le bâtiment de 380 m2 en aire paillée ne leur permet pas d’augmenter le cheptel. Les deux associés ont donc misé sur un haut niveau de production par vache. En 2017, la performance moyenne du troupeau est de 12 126 kg de lait par VL, à 38,9 g/kg de TB et 33,2 g/kg de TP. L’exploitation compte à ce jour trois vaches à plus 100 000 kg de lait : Apie, avec 120 000 kg en neuf lactations, Ella, avec 104 000 kg en tout juste six lactations, et Bonanza, qui cumule 112 000 kg en huit lactations. « C’est une très belle vache, qui rassemble toutes les qualités techniques que je recherche : elle produit du lait en quantité et en qualité, et se reproduit facilement », souligne l’éleveur.
Des fourrages de qualité
Pour obtenir ces résultats, Quentin, le responsable du troupeau, a mis en place une stratégie alimentaire stricte. « Il n’y a pas de secret : pour avoir des animaux à haut potentiel, il faut des fourrages d’excellente qualité, mais aussi des vaches ayant de l’appétit à l’auge », poursuit-il.
Les ensilages d’herbe sont réalisés le plus tôt possible, pour avoir le maximum d’énergie et de protéines. « Nous fauchons lorsque l’épi est au stade 20 cm dans la plante. Nous travaillons en totalité avec du ray-grass, afin d’obtenir un fourrage très stable », précise l’éleveur. Une attention particulière est portée à la confection et au tassage des silos. Une fois entamés, les ensilages d’herbe et de maïs sont soigneusement triés. « Nous vérifions qu’il n’y ait pas de brins pourris quand nous chargeons la mélangeuse », précise Quentin.
La ration a également été minutieusement étudiée. Elle repose sur une base d’ensilage de maïs et d’herbe, complétés par du foin de regain, de l’orge aplatie et un concentré composé de colza, de soja et de lin (voir infographie). Son coût est de 133,90 € par 1 000 litres.
Reproduction maîtrisée
« Si l’on veut obtenir une bonne productivité, la génétique va de pair avec l’affouragement de qualité, explique l’éleveur. Je suis toujours à la recherche de l’animal le plus large et le plus profond possible. Il doit être capable d’ingérer un maximum de fourrages. »
Les inséminations sont effectuées par Quentin. « Cela me permet de choisir le moment le plus opportun », dit-il. La première est réalisée, en moyenne, 130 jours après vêlage. Le taux de réussite est de 58 %. Toutes les doses sont issues de taureaux de génétique nord-américaine. « Je suis persuadé que c’est avec ces taureaux que j’atteindrai mes objectifs », confie l’éleveur. Le choix des doses se fait principalement sur trois critères : largeur, attaches avant et hauteur et largeur des attaches arrière. « Je regarde aussi la taille, les membres et les cellules », ajoute-t-il. Les inséminations sont conduites selon trois modalités : les vaches de moindre niveau génétique sont inséminées en croisement charolais, les autres le sont en race pure, tout comme ses vaches à concours, qui reçoivent systématiquement de la semence sexée.
Les deux associés n’hésitent pas à faire vieillir leurs meilleures vaches. « Plus une bête vieillit, plus elle est rentable, affirme Quentin. Il faut qu’une génisse réalise deux lactations pour payer sa phase improductive. En faisant durer les laitières, on optimise ce coût. » Le taux de renouvellement du troupeau est de 35 %. « Nous n’avons ni la place, ni le fourrage pour avoir plus de 38 laitières, poursuit-il. Les vaches les plus vieilles qui continuent leur carrière ne laissent pas de place aux plus jeunes. Je suis donc intransigeant avec les jeunes, et je les réforme plus rapidement en cas de problèmes de santé, de fécondité ou morphologique. » Toutes les laitières non gestantes et produisant moins de 22 litres par jour sont également réformées.