Si Christian Daniau est membre du réseau d’expérimentation Visio-Ferme (Syngenta) depuis six ans, il a toujours conduit des essais sur son exploitation. Dès le début des années 2000, il mesure l’effet du stress hydrique sur le maïs pour faire face aux arrêts d’irrigation précoces. Sur tournesol, il multiplie les tests : apports d’eau, fertilisation, densité, écartement, protection fongicide, dégâts d’oiseaux… « Ceux menés en orge et en blé ont pris une place importante à partir de 2015, lorsque nous avons démarré les semis de précision avec un semoir monograine », indique-t-il.
La première composante du rendement étant « la réussite de la levée », l’agriculteur cherche à l’améliorer afin d’obtenir des plantes les plus homogènes possibles. « Nous avons transposé la technique du monograine - connue pour le maïs, les betteraves, le colza et les légumes - à l’orge hybride et au blé. » Pour ce faire, Monosem adapte les disques (nombre et diamètre des trous) du Monoshox NG Plus M aux céréales à paille.
L’EARL de l’Horizon construit ses propres protocoles d’essais. Les témoins adjacents sont implantés avec un semoir classique aux densités pratiquées dans la région (supérieures à celles des modalités testées). « Le monograine permet un semis en 3D. Nous optimisons ainsi l’espace par plante avec une régularité sur le rang (2 à 6 cm selon la densité) et une profondeur au top (2 à 3 cm). »
Régularité de la levée
En 2015, le blé et l’orge ont été semés au monograine à 25 cm d’écartement (double passage grâce à un système d’autoguidage hydraulique, GPS Trimble, signal RTK centimétrique) et à une densité de 75 et 100 gr/m2, soit trois fois moins qu’en version classique. « Les économies de semences et de leur traitement ont atteint de 50 à 80 €/ha. Quant au rendement, il a été légèrement supérieur à celui d’un semis classique. »
De plus, la régularité de la levée liée à la qualité de l’implantation favorise une bonne application des herbicides ainsi que le passage de la herse étrille. « Toutes les plantes arrivent au même stade en même temps et sont 100 % viables », insiste Christian Daniau.
Encouragé par ces résultats, l’agriculteur établit l’année suivante - avec des partenaires - un protocole comportant 200 modalités afin de fournir « des réponses précises et fiables ». Toujours sur des bandes de 100 m, il introduit le facteur eau (50 % des essais irrigués, 50 % en pluvial). Les écartements sont de 20, 25 et 40 cm. Les densités s’échelonnent de 50 à 125 gr/m2. « Sur chaque modalité des comptages sont effectués dès la levée : densité, talles, épis par mètre carré et pesées avec analyses des caractéristiques du grain (PS, PMG, protéines…) », détaille-t-il. Les bons niveaux de récolte se confirment. En revanche, aucune différence n’est constatée entre 20 et 25 cm d’écartement.
L’automne 2017 signe la troisième année de tests avec, à nouveau, 200 modalités à 20 et 40 cm d’écartement et différentes densités. « À la récolte, les rendements en blés et orge à 20 cm se confirment avec encore un léger gain par rapport au semis classique. En revanche, avec l’écartement à 40 cm, ils sont inférieurs de 5 à 10 % », analyse-t-il. Cela conforte la marge déjà supérieure, obtenue grâce à l’économie de semences.
Plus qu’un seul semoir
Le comportement de l’orge hybride diffère de celui des blés. « Sa capacité de tallage permet aux densités plus faibles et aux forts écartements d’avoir des rendements presque identiques », souligne l’exploitant. Et d’ajouter : « Semée au monograine à 100 gr/m², elle fait toujours mieux qu’en classique. »
L’ensemble de ces bénéfices a convaincu Christian Daniau d’implanter de plus en plus de céréales au monograine. Il a progressivement atteint 80 % des surfaces en 2017. « En 2018, ce sera 100 % », s’enthousiasme l’expérimentateur. Il n’y aura donc plus qu’un seul semoir sur l’exploitation au lieu de deux auparavant.
Certes, il passe davantage de temps à semer ses céréales au monograine (une semaine), mais dans tous les cas c’est un poste chronophage car « il y a beaucoup de pierres et peu de terre. Cela me demande beaucoup d’application. Ce travail est donc lent, même en classique ».
Enfin, en complément des premières économies confirmées, « la logique voudrait que ce système limite la verse et les maladies, et génère une potentielle économie d’azote ». Il ne lui reste plus qu’à mener d’autres essais pour le prouver !