La tête blanche, la robe rouge et pas de corne. Le portrait est encore peu commun en France, et pourtant la race hereford rencontre de plus en plus d’adeptes. « Notre association nationale, reconnue organisme de sélection depuis 1975, compte une centaine d’élevages. Nous avons quadruplé en quelques années », constate Thierry Moullart, éleveur à Coulimer, dans l’Orne. Fils d’éleveur de charolaises, il s’est intéressé à la race britannique dès l’âge de 17 ans. Mais ce n’est qu’après neuf ans d’installation, en 1993, qu’il a franchi le pas pour en devenir éleveur. « Après avoir perdu beaucoup de veaux une année, j’ai recherché un taureau capable d’en produire de plus petits et plus vigoureux », se souvient l’éleveur.

Aujourd’hui, il élève seul un troupeau « facile à vivre » composé de 27 vaches inscrites au herd-book, sur 30 ha de prairies permanentes. « C’est une vache qui vêle toute seule. Sur 27 vêlages, j’ai perdu un veau l’an dernier. Globalement, je n’ai presque pas de mortalité. Mes frais vétérinaires sont contenus à 2 500 € par an. Ma conseillère de gestion m’a indiqué que je pouvais difficilement faire mieux, sourit Thierry. Quant à l’intervalle vêlage-vêlage, il est en moyenne de 365 à 370 jours, uniquement en monte naturelle. » D’après l’éleveur, en contrôle de performances avec bovins-croissance, les poids des veaux à la naissance se situent entre 35 et 45 kg. Les performances de croissance sont ensuite très satisfaisantes. Le gain moyen quotidien (GMQ) constaté est de 1 000 g en moyenne avec une alimentation tout herbe sur la période de pâturage, de fin avril à début novembre environ. « Cette année, je vais certainement aménager un nourrisseur pour apporter une complémentation de 1 kg par jour et par veau au pâturage, avance Thierry. En effet, chez un éleveur, qui m’a acheté des veaux, j’ai constaté de très bons niveaux de croissance avec une petite complémentation au champ. Et la saison dernière, j’ai déploré une chute des GMQ lors de la période estivale à 700 g en raison de la sécheresse. » En hiver, ses animaux sont nourris au foin et également complémentés d’aliment « mais jamais trop, pour préserver les foies des bêtes ».

Lorsqu’il doit engraisser ses taurillons, Thierry utilise le même aliment composé de pulpe de betterave (60 %), de tourteau de colza (30 %) et de gluten-feed (10 %) à raison de 5 kg de matière sèche (MS) par jour et par animal, en plus du foin apporté également à 5 kg/j de MS.

L’éleveur groupe ses vêlages au printemps. « J’ai deux taureaux de haut niveau génétique. Je place chacun d’eux au pâturage avec un lot de femelles choisi pour éviter les consanguinités. En fin de saison, je les sépare du troupeau », détaille l’éleveur, qui vient de faire entrer depuis peu deux nouveaux taureaux dont l’un qu’il a fait venir directement d’un élevage anglais. Sur un cheptel de 27 mères, Thierry sait qu’il pourrait se contenter d’un seul taureau, mais il préfère toujours en avoir deux, quitte à les garder longtemps chacun (le dernier va partir à 11 ans). Il prend ainsi le temps d’évaluer leurs productions. La même stratégie est adoptée pour les femelles : « Mon taux de renouvellement est très faible. Je ne conserve que deux à trois génisses par an en moyenne. Avec le contrôle de performances, j’ai toujours constaté que les vaches produisent leurs meilleurs veaux à partir du cinquième ou sixième vêlage. »

Vente de reproducteurs

L’élevage de Thierry est reconnu pour sa génétique. Mâles ou femelles, la quasi-totalité des animaux nés en 2018 est engagée pour des ventes comme reproducteurs, cette année. « Beaucoup d’éleveurs laitiers en race prim’holstein recherchent des taureaux herefords, car les produits sont recherchés, par exemple notamment pour des filières comme « Herbopack » (Charal) », mentionne Thierry.

Avec des qualités bouchères assez proches de la prestigieuse viande angus, de nombreuses boucheries sont aujourd’hui intéressées par la race, en particulier pour des marchés de niche en viande maturée.

Alexis Dufumier