L’idée d’organiser des chantiers collectifs entre les trois Gaec est venue des jeunes associés Laurent Maufroy, Gaël Theveniaux et Jérome Ravet. Dès 2009, un semoir de semis direct (Amazone Cirrus de 6 m équipé d’une trémie de 3 600 litres) et une bêche roulante (Compil 6 m) sont achetés en commun. « Très vite, se rappelle Laurent, on s’est rendu compte de l’importance de ne pas dételer. Dès la première année, le même tracteur a semé chez tout le monde. »

Depuis, les agriculteurs de Saône-et-Loire sont allés plus loin dans la mise en commun de leur matériel et du parcellaire. La topographie de ce dernier (8 km de long sur 3 de large) y était favorable. Un système de mutualisation des pertes a été institué. « Il y a moins de tension en cas de problèmes climatiques, note Laurent Maufroy. Chaque grain semé appartient à tout le monde. » Chaque exploitation est payée sur la récolte, au prorata du nombre d’hectares mis dans l’assolement : 39 % pour le Gaec de l’Ecole, 32 % pour le Gaec du Pautet, 29 % pour le Gaec de l’Epervière.

Les agriculteurs travaillent en semis simplifié trois types de sol : des limons hydromorphes, des alluvions de Saône inondables et des terrains sableux à la fois séchants et humides, le plus souvent drainés et irrigués. Si le blé est semé derrière un colza, il est déchaumé l’été avec un Karat, outil à dents de 6 mètres de large. Deux à trois semaines avant le semis, les repousses de colza sont désherbées au Roundup (2,5 l/ha). Huit jours plus tard, un coup de bêche roulante (Compil) est passé. Un décompactage est aussi pratiqué tous les trois ou quatre ans.

 Une mécanique bien huilée 

L’organisation des chantiers est aujourd’hui une mécanique bien huilée. A l’automne, l’objectif est de tout semer entre le 25 septembre et le 5 octobre. Alors que le soja et le tournesol sont à peine récoltés, il faut implanter 227 ha de blé, 30 ha d’orge d’hiver, 63 ha de moutarde (IGP de Bourgogne). La réalisation des semis est à 80 % l’affaire de Laurent, avec Gaël en appui. Le semoir est attelé à un tracteur Fendt de 260 ch, équipé d’un système d’autoguidage. La vitesse d’avancement est limitée à 13 km/h pour réduire l’usure des disques.

Les 62 ha de moutarde sont implantés à partir du 25 septembre. « Avec cinq parcelles distantes de 6 km environ, il est possible de tout semer le même jour », précise Laurent. Les 227 ha de blé et les 30 ha d’orge d’hiver sont semés à partir du 30 septembre, avec un débit moyen de 40 à 45 ha par jour. Une remorque avec les big bags de semences (cinq variétés de blé, une d’orge) ainsi qu’un télescopique sont disponibles en bout de champ. Cette année, une vingtaine de parcelles (11 ha de moyenne) seront emblavées, ce qui engendrera des contraintes de temps de déplacement, de rechargement de la trémie et de changement de variétés.

Le travail en commun apporte plus de sérénité et de sécurité aux trois exploitations. « Nous réalisons les semis de moutarde, blé et orge en 6-7 jours de beau temps », se félicitent les agriculteurs. Alors que le nombre de jours agronomiquement disponibles pour la reprise de semis de céréales diminue et que les fenêtres climatiques se réduisent, c’est un précieux atout. « Avant 2009, remarque Marc Gauthier, nous étions tous mobilisés par les semis d’automne avec nos combinés de 3 m. Aujourd’hui, la plupart d’entre nous se consacrent aux récoltes en cours, aux préparations du sol et au travail auprès des troupeaux (laitier et allaitant. »

 Remise à niveau du parc de matériels 

Le matériel et l’assolement en commun n’ont pas réduit les coûts de mécanisation. « Les charges comptables ne sont pas inférieures à celles d’exploitations individuelles, constate Laurent. Elles incluent la remise à niveau de notre parc de matériels et de traction. Cinq nouveaux tracteurs (300 ch, 260 ch, 200 ch, 180 ch et 150 ch) ont remplacé les sept tracteurs de moyenne puissance (170 ch), qui ne convenaient plus.

Cette phase d’investissement, financée sur sept ans, arrive à terme. A partir de 2017, les trois exploitations vont rentrer dans une phase de renouvellement plus souple où l’important sera de garder le matériel en état. « Pour se dépanner, il n’y a plus de voisins ! » L’entretien est assuré par les agriculteurs eux-mêmes. « Ensemble, notre capacité de travail est accrue et nous accédons à des marques leaders, avance Laurent. L’enjeu est de veiller au bon dimensionnement du matériel par rapport aux surfaces travaillées. »