Sous le hangar à matériel, la machine est encore flambant neuve. Ce printemps, Patrick Mercadal, arboriculteur à Arles (Bouches-du-Rhône), a fait l’acquisition d’un NaturaGriff, outil de désherbage mécanique pour le rang des arbres fruitiers. « Mon verger est totalement enherbé, explique-t-il. J’effectue une coupe mécanique avant les interventions pédestres d’éclaircissage et de récolte. Sauf sur la bande de 35 centimètres qui se trouve de part et d’autre du pied des arbres, car l’intervention est difficile. À ces endroits, j’étais donc obligé de désherber chimiquement. » Avec son nouvel outil, Patrick n’a plus à le faire. Autre avantage : le NaturaGriff permet d’effectuer un désherbage mécanique des deux côtés du rang en un seul passage. Une étape supplémentaire dans la réduction des intrants phyto sur l’exploitation.
Contrôles hebdomadaires
L’exploitant a franchi le premier pas en 2000, en introduisant la confusion sexuelle dans son verger pour lutter contre le carpocapse. Cette méthode consiste à implanter, dans les parcelles, des diffuseurs de phéromones qui perturbent la reproduction du parasite. Les premières années, il a fait coexister la confusion sexuelle avec une stratégie phytosanitaire allégée : deux interventions au lieu de quatre aux pics d’éclosion de première et de seconde génération du papillon. Parallèlement, le GRCeta de Basse Durance, auquel il adhère, a mis en place une équipe de surveillance, formée à l’observation des vergers. Pendant quatre ans, celle-ci a effectué des contrôles hebdomadaires chez les arboriculteurs engagés dans la démarche.
Depuis 2011, Patrick n’emploie plus de substances de synthèse contre le carpocapse. Il leur a substitué la carpovirusine, un biopesticide qu’il positionne quatre fois dans la saison, à raison d’une dose de 1 l/ha. Cette même année, il a étendu la confusion sexuelle à la tordeuse orientale, alors détectée dans le verger.L’exploitant utilise des doubles diffuseurs de phéromones - cinq cents par hectare et une cinquantaine sur les bordures -, efficaces à la fois sur le carpocapse et la tordeuse orientale. Ce changement de pratique a, peu à peu, fait émerger dans le verger une population d’acariens prédateurs de l’araignée rouge. « Avec le carpocapse, c’est le ravageur que nous avions le plus de difficulté à maîtriser », relève l’arboriculteur. Amblyseius californicus et Kampimodromus aberrans ont fait leur apparition. « Dès lors, il a fallu garder ces auxiliaires en bonne santé, enchaîne-t-il. Avec le GRCeta, nous avons identifié les produits qui pouvaient leur être néfastes. » Ainsi, il a retiré le mancozèbe, une molécule antifongique de son programme de traitement antitavelure.
L’enherbement du verger favorise, également, l’installation durable de cette faune d’insectes. « Au moment de la fauche, je conserve 10 à 15 cm de hauteur d’herbe pour ne pas détruire leurs habitats, précise Patrick. Toujours dans ce but, j’effectue la coupe un rang sur deux à une semaine d’intervalle. Les insectes peuvent ainsi se déplacer dans les rangées où l’herbe est plus haute. »
Puceron cendré
Seul bémol, l’exploitant n’a pas trouvé d’alternative à la lutte chimique contre les pucerons, en particulier le puceron cendré, présent avant floraison jusqu’au mois de juin. « J’effectue deux traitements préventifs, avant et après floraison, à partir de deux familles de produits, les pyréthrinoïdes et les aphicides, aux doses homologuées », indique Patrick. Toutefois, il ne désespère pas. Grâce à la diversité des auxiliaires, les attaques de pucerons devraient diminuer à terme. Pour limiter la présence du puceron, l’arboriculteur a, par ailleurs, revu la gestion de la fertilisation azotée. « Je ne pratique pas de fumure à forte teneur en azote, hormis dans les jeunes vergers, souligne-t-il. Ailleurs, je réalise des apports à base de vinasse de betterave, à hauteur de 30 à 40 unités d’azote maximum. »
Quant à la protection contre la tavelure, elle est surtout préventive, et à base de produits de contact, pour éviter les phénomènes de résistance au champignon. Patrick Mercadel apporte du cuivre à très faible dose, sous forme de bouillie bordelaise, soit 0,2 kg/ha de cuivre métal. Ainsi qu’en alternance, des solutions à base de thirame (2,5 kg/ha) et de kaptane (1,8 kg/ha). Il a également réalisé un essai, sur quelques parcelles, avec un produit curatif récemment homologué, de la bouillie sulfocalcique, à base de soufre et de chaux.