Les terres limoneuses de Samuel Bouquet sont soumises à l’érosion. « Il y a fréquemment des pertes de limons pendant l’hiver. Elles sont toutefois plus limitées qu’à l’époque où mon père labourait. Dix ans avant que je m’installe, mes frères ont mis en place des techniques culturales simplifiées (TCS). »

Dès 2011, un diagnostic érosion a été réalisé sur l’exploitation à sa demande. Le conseiller de la chambre d’agriculture et l’animateur des bassins-versants ont réalisé une cartographie et ont identifié des adaptations possibles de pratiques d’hydraulique douce. « Si le diagnostic a porté sur l’ensemble de la ferme, je me suis concentré sur la parcelle la plus facile à aménager. L’idée avoir assez de recul pour voir si ces solutions sont pertinentes », souligne-t-il.

Diagnostic érosion

Parmi les changements adoptés, il travaille désormais en travers de la pente pour ralentir l’écoulement de l’eau. Grâce au diagnostic, il repasse également le tracteur pour tasser les zones situées sur l’axe d’écoulement. Il a de plus choisi de scinder en trois cette parcelle, qui recevait un an sur deux du blé et le reste du temps deux cultures. Cela permet d’alterner les cultures d’automne et de printemps dans l’axe d’écoulement de l’eau.

Sur une autre parcelle, la présence d’une bétoire, qui est un point naturel d’infiltration rapide des eaux de ruissellement vers les eaux souterraines, a également donné lieu à un aménagement. « Nous avions beau la reboucher, elle s’effondrait en permanence ! Or, si l’on souhaite protéger les ressources en eau, il faut commencer par ce type de zone sensible qui est en lien direct avec la nappe d’eau », précise Samuel Bouquet. Finalement, du ray-grass a été mis sur cette zone : l’herbe sert de frein hydraulique et provoque la sédimentation des limons. Samuel a aussi mis en place d’autres bandes enherbées (voir plan). Il était de plus conseillé d’installer des fascines. Mais Samuel est en attente du plan hydraulique du syndicat du bassin-versant, prévu en 2017, pour éventuellement intégrer ces éléments.

« J’ai toujours été intéressé par la biomasse énergie, et le diagnostic proposait également la mise en place de bandes lignocellulosiques : soit des TTCR (taillis à très courte rotation) de saule, soit du miscanthus. J’ai opté pour le premier car le débouché énergie est garanti », précise l’agriculteur. La chambre recherchait une alternative aux bandes enherbées dans le but de créer un revenu (lire encadré). En mai 2014, deux bandes de 500 m de long et de 6 m de large ont été implantées à 10 000 pieds/ha et permettent de couper la parcelle en trois. La première récolte a eu lieu cet hiver.

Des changements de pratique de travail du sol ont été adoptés, d’abord avec des techniques culturales simplifiées par ses frères puis par lui-même mais aussi de semis direct pour la féverole. Sur blé et orge, un ameublisseur, une herse rotative et un semoir sont passés en un seul passage. L’agriculteur a de plus construit avec ses frères un outil pour travailler profondément dans la ligne de semis du colza mais il manque encore de recul.

Charrue conservée

Sur betteraves, il s’est intéressé au strip-till par curiosité et volonté d’évaluer la pertinence de ce type d’outil. C’est la deuxième année… Et à chaque fois Samuel le fait parce qu'il a « mal géré le couvert. » En l’occurrence, il s’agit de la moutarde qui laisse trop de résidus et comme il ne souhaite pas labourer à ce moment-là, il ne reste plus que le strip-till, qu’il emprunte à un autre agriculteur du département. « C’est peut-être la chance du débutant mais, en 2015, j’ai réussi et la pression des mauvaises herbes est moindre qu’avec les autres outils en TCS », conclut l’exploitant. Samuel en a tiré des enseignements : il va désormais miser sur un mélange avoine/vesce avant la betterave, il faudra pendre le temps d’apprendre à bien se servir de l’outil car les possibilités de réglages sont infinies et l’autoguidage est indispensable.

L’exploitant a malgré tout conservé la charrue sur l’exploitation : « je ne veux pas m’interdire de l’utiliser car c’est un outil utile pour lutter contre les graminées résistantes. En effet, j’avais une zone très localisée de ray-grass résistant. Grâce au labour qui revient tous les six ans avant lin en combinaison de la chimie, je considère que le problème est désormais résolu. » En complément, cela permet de semer le lin, la culture avec la plus forte marge, dans de meilleures conditions de ressuyage et plus tôt.

La page Twitter de Samuel Bouquet (@AgroGeek ) : https://twitter.com/agrogeek