Confort de travail et rentabilité sont les principales priorités du Gaec Puigrenier, à Châteauponsac, en Haute-Vienne. L’installation de Vincent en 2008, puis celle de Benoît en 2014, auprès de leur père Jean-Claude, n’ont fait que renforcer cet objectif, alors que les effectifs et les surfaces progressaient. Pour y parvenir, le Gaec a construit une bergerie de 800 places en 2014. « Elle est opérationnelle depuis un an, annonce Vincent. Nous l’avons conçue pour faciliter la mécanisation. Les deux couloirs d’alimentation mesurent 4 mètres de large, pour distribuer la ration avec la mélangeuse, achetée initialement pour alimenter les bovins. »
Un agencement simple facilite le travail. Les aires paillées sont réparties de part et d’autre de ces couloirs. « Un tiers de la surface est dédié à la circulation, signale Jean-Claude. Nous avons installé un couloir de 2 m près de l’aire paillée consacrée aux agnelages, pour entreposer des claies et faciliter la surveillance. Un autre passage, de 1,4 m de large, au centre du bâtiment et perpendiculaire aux longs pans, fluidifie les déplacements. » Il est également possible de passer avec un lot d’animaux le long des pignons. Les associés y ont prévu un couloir de 1 m, pour ne pas avoir à sortir du bâtiment.
« Nous avons réfléchi à un aménagement simple, souligne Vincent. Le charpentier s’est adapté à nos plans pour monter le bâtiment et placer les poteaux au niveau des cornadis, afin de ne pas gêner le passage des engins. » En particulier celui de la mélangeuse, qui a permis de réduire considérablement le temps de travail. « Il me faut aujourd’hui une demi-heure, contre deux heures et demie auparavant, indique Jean-Claude. La distribution du foin et des concentrés était alors manuelle. »
Un bon compromis
Les associés ont profité de l’achat de la mélangeuse pour changer de régime et passer à la ration complète. Celle-ci comprend 2,3 kg d’ensilage de maïs, 500 g de foin, 260 g de tourteau de colza et 10 g de CMV 15-15. « Elle est calculée pour combler les besoins d’une brebis allaitante avec un agneau pendant le premier mois de lactation, explique Jonathan Sicot, technicien de la coopérative Limovin. Elle apporte 2,44 UFL et 241 g de PDI. » Ce régime représente un bon compromis pour assurer l’ensemble des besoins. La ration est distribuée pendant trois mois à partir du moment où les brebis rentrent dans la bergerie, quinze jours avant l’agnelage, et jusqu’au sevrage (à 80 jours). Les quantités sont revues à la hausse après l’agnelage, quand la capacité d’ingestion augmente.
« Tous les stades physiologiques cohabitent dans la bergerie, précise Vincent. Le mélange distribué représente un bon compromis. Nous avons voulu simplifier le rationnement, tout en restant efficace. Il n’était pas question de faire de la petite cuisine avec la mélangeuse et de perdre du temps. » Le mélange sera toutefois revu chaque année et les quantités recalculées en fonction de la qualité de l’ensilage de maïs. « Celui que nous avons récolté à l’automne dernier est très énergétique, avec 0,98 UFL/kg de MS, remarque Jean-Claude. Nous n’avons pas eu besoin d’ajouter de céréales, mais cela ne sera peut-être pas possible tous les ans. » La présence des bovins sur l’exploitation est un atout pour distribuer ce type de ration. « L’avancée du silo est suffisamment rapide pour éviter l’échauffement, ajoute-t-il. Nous puisons toujours au centre du silo pour le mélange des brebis, car c’est la zone où le fourrage est de meilleure qualité. Nous réduisons ainsi le risque de listériose. Les brebis y sont plus sensibles que les bovins. »
Meilleures conditions sanitaires
Avec cette nouvelle organisation, l’amélioration des performances ne s’est pas fait attendre. Au bout d’un an de fonctionnement, le taux de mortalité est passé de 22 à 13,6 %. La prolificité a atteint 160 % et la productivité numérique 135 %. « Ces résultats sont liés à l’amélioration des conditions sanitaires, poursuit Vincent. Nous manquions d’espace dans l’ancien bâtiment. Dans le nouveau, les mises bas se déroulent dans un environnement plus sain. »
Les associés ambitionnent aussi d’améliorer la croissance des animaux. Les résultats du contrôle de performance des premiers lots ne sont pas encore tombés. Ils seront nécessaires pour faire face aux coûts de production en augmentation. Les frais liés à la bergerie sont importants, puisque l’investissement, même s’il est dans la moyenne des projets de la région, s’élève à 240 000 euros, soit 320 euros par place.