Il est un testeur idéal : Jean-François Regard ne prend pas de détours pour s’exprimer. Et si un logiciel ne lui fait pas peur, « j’ai aussi besoin que ça me soit utile. Sinon, je ne prends pas. »

Ce céréalier de 36 ans, spécialisé dans les semences (maïs, tournesol, colza, soja…) est loin d’être un geek. Son téléphone lui sert de temps en temps à vérifier son Facebook - même s’il lui préfère son ordinateur - à un moment propice dans la journée, « mais pas le soir… Pour la famille, c’est mieux. » Il met par ailleurs un point d’honneur à rester fidèle à sa coopérative. De toutes les façons, « avec une surface de 120 hectares, ça n’est pas possible d’être indépendant. C’est grâce à elle aussi que je fais des semences. » Il croit en cet acteur traditionnel. Sa seule infidélité : son logiciel de culture. Ça n’est pas celui de sa coopérative, « parce qu’au moment où j’ai pris le mien, elle n’en proposait pas encore. Depuis, comme ça me convenait bien, j’ai préféré ne rien changer. »

Jean-François n’aime pas se disperser. Son souci, qui semble être celui de tous les instants, est de maîtriser ses coûts. « Sur une ferme de 120 ha, pour sortir un revenu, il faut faire des semences, ne pas trop investir, avoir des frais de mécanisation modestes… » Tout est calculé au millimètre près. « Je suis très pragmatique. Je ne me paierai pas ce dont je n’ai pas les moyens de me payer. Et toutes les économies m’intéressent. » C’est parce qu’il a besoin d’améliorer son revenu, qu’il a décidé de se rapprocher de Farmleap. Depuis deux mois, il teste le logiciel de ce « Ceta numérique », fondé en 2016 par Anaël Bibard, Yannick Pages et Maxime Rigo.

« Je me rends compte qu’avec mon logiciel de cultures actuel, je saisis plein de choses mais je ne sais pas à quoi cela me sert. Avec Farmleap, ce qui me plaît, c’est de me comparer avec d’autres de manière anonyme, à l’échelle nationale et locale. Les agriculteurs aiment se comparer mais personne ne donne jamais les vrais chiffres. Il y a toujours des jalousies. Pourtant, ça me permettrait de voir où j’en suis et comment je peux m’améliorer. Avec Farmleap, on se compare sans pour autant se livrer à son voisin. »

Connecté à Telepac, le logiciel permet une mise en commun des données liées à la gestion parcellaire : le choix et le coût des intrants, les dates de semence, les frais de mécanisation, les rendements par semence, etc. L’objectif de la start-up est de faire gagner 100 euros par hectare et par an à ses clients céréaliers.

Jean-François s’est fixé son propre but : « Je veux arriver à faire qu’une exploitation de 120 ha bien optimisée soit aussi rentable qu’une exploitation de 250 ha. »