Les céréales françaises reprennent un peu de couleur cette semaine sans pour autant retrouver leurs niveaux d’il y a deux semaines, alors que l’euro continue son ascension passant la barre des 1,24 dollar, atteint pour la dernière fois en décembre 2014.
Blé : l’achat algérien soutient les prix
Après la baisse de 4-5 €/t de la semaine dernière, les prix français reprennent un peu de couleur, notamment le Fob Creil (+2 €/t, à 145,5 €/t) et le rendu Rouen (+2 €/t, à 150,5 €/t). Sur Euronext, l’échéance de mars 2018 gagne 1 €/t, à 156,25 €/t. Cette petite bouffée d’air vient en partie de l’achat algérien du 25 janvier pour 500 000 t de blé. L’Argentine et la France étant les origines les moins chères sur cette destination, elles devraient remporter la mise.
Sur la base des statistiques européennes portant sur les ventes hebdomadaires à l’exportation, il apparaît que l’Union européenne (UE) a expédié 11,9 millions de tonnes (Mt) de blé depuis le début de la campagne, contre 14,3 Mt l’an dernier à la même date. Pour atteindre notre prévision de 21,6 Mt exportées pour l’ensemble de la campagne, l’UE doit encore expédier un peu moins de 10 Mt de février à juin 2018, ce qui signifie un rythme mensuel légèrement plus élevé qu’au cours des mois précédents (2 Mt par mois contre 1,7 Mt en moyenne réalisés entre juillet et janvier). Mais l’euro qui n’arrête pas de grimper face au dollar et la concurrence russe ne rendent pas la tâche facile aux origines européennes…
Sur le marché mondial, les prix russes ont fait le yo-yo cette semaine, baissant puis remontant. Ils varient donc peu (+1 $/t, à 196 $/t pour les blés à 12,5 % de protéines), tout comme leurs voisins ukrainiens (+1 $/t, à 185 $/t pour la qualité fourragère). De l’autre côté de l’Atlantique, la faiblesse du dollar soutient les prix américains, qui gagnent 4 $/t (à 190 $/t pour le blé de basse qualité meunière).
Du côté du développement des cultures, alors que certaines parcelles ont les pieds dans l’eau en France après plusieurs semaines de pluies, certains états du sud des États-Unis n’ont pas reçu d’eau depuis deux mois.
Bonne demande pour les orges françaises
Les cours de l’orge fourragère reprennent des couleurs cette semaine, à 150,5 €/t à Rouen (+2 €/t) et à 143 €/t en Fob Moselle (+3 €/t), soutenus par l’activité portuaire. Plusieurs chargements sont en cours dans les différents ports français : 100 000 t vers l’Arabie Saoudite, 80 000 t vers la Chine, 50 000 t vers la Jordanie et 10 000 t environ vers le Maroc.
Du côté de la mer Noire, le prix des orges a également augmenté : +4,5 $/t pour l’origine ukrainienne (à 196 $/t) et +2 $/t pour l’origine russe (à 194 $/t). Du fait de la hausse de l’euro face au dollar, les orges françaises perdent en compétitivité cette semaine (à 198 $/t, +5,5 $/t) par rapport à leurs concurrentes de la mer Noire.
Fermeté en maïs
Les cours du maïs évoluent peu, tant en France que sur le marché mondial. Le maïs américain subit deux pressions opposées : d’un côté, l’amélioration de la logistique dans le Midwest et sur les principaux fleuves pèsent sur les cours. De l’autre, la faiblesse du dollar soutient les prix. Les utilisations de maïs pour la production d’éthanol aux États-Unis restent fortes car la production d’éthanol hebdomadaire est très dynamique.
Néanmoins, la demande n’est pas très soutenue, ce qui fait monter les stocks d’éthanol à un niveau très élevé. Les maïs américains restent donc au même prix que la semaine dernière, à 164 $/t. En revanche, les maïs ukrainiens gagnent 4 $/t, soutenus par la demande, ils prennent en effet le relais du Brésil qui a dominé la scène mondiale depuis plusieurs mois. Les maïs argentins montent de 1 $/t « seulement », malgré le temps sec.
Dans ce contexte, les maïs français restent malgré tout de 8 à 10 €/t au-dessus de leurs concurrents dans les grandes zones d’importations de l’UE (Benelux et Espagne).
Soja : le « weather market » fait sa loi
Les cours du soja ont progressé de 7 $/t sur le rapproché, à 365 $/t. Ils restent principalement influencés par les conditions climatiques en Argentine. La hausse du pétrole a également constitué un facteur de soutien. Cette semaine, la Bourse de Buenos Aires a annoncé le quasi-achèvement des semis dans le nord de l’Argentine.
Néanmoins, le déficit hydrique s’intensifie dans les principales régions de la « soy belt » et les prévisions météorologiques sont assez pessimistes quand à l’arrivée de pluies significatives dans les prochains jours. Les plants pourraient donc être endommagés alors qu’ils entament la phase clé de leur développement.
Au Brésil, la récolte a pris un peu de retard au Mato Grosso, premier État producteur, mais les perspectives de rendement restent bonnes. Aux États-Unis, les exportateurs peinent toujours à trouver davantage de demande et les ventes restent très en deçà des niveaux observés l’an dernier.
Repli du colza
Le repli des cours du colza sur les marchés physiques hexagonaux s’est poursuivi cette semaine. Ils ont perdu 3 €/t en rendu Rouen et 4,5 €/t en Fob Moselle. Sur Euronext, ils ont reculé de 3,5 €/t sur le rapproché. La nouvelle progression de l’euro par rapport au dollar (1,24 $/€ contre 1,22 $/€ la semaine dernière) explique en grande partie cette baisse.
Au Canada, le canola a suivi la hausse du soja. Il a gagné 7 $/t sur le rapproché sur le marché à terme.
Le prix du tournesol rendu Saint-Nazaire est stable cette semaine, à 305 €/t.
Soutien des prix des tourteaux
Le prix des tourteaux de soja sur le marché de Chicago a encore augmenté cette semaine. Il a gagné 13 $/t sur le rapproché, de nouveau soutenu par les inquiétudes de sécheresse en Argentine, premier fournisseur mondial de tourteaux. Sur le marché européen, le prix du tourteau de soja départ Montoir augmente lui aussi (+13 €/t sur la semaine).
Le prix du pois fourrager départ Marne est stable, à 170 €/t.
À suivre : conditions climatiques pour le soja en Argentine, déroulement de la récolte de soja au Brésil et semis de maïs à la suite, conséquences de l’excès d’eau en France sur les cultures.